Correspondance de Budapest
Voilà des mois que le très conservateur premier ministre hongrois Viktor Orban fait la guerre aux communautés homosexuelles dans son pays qui est, rappelons le, membre de l’Union Européenne. Après avoir fait voter une loi « sur la protection de l’enfance », l’été dernier, obligeant les libraires à mettre sous plastique des livres pour enfants aux possibles contenus LGBTQI sous peine de lourdes amendes, voilà que ses alliés de l’extrême droite hongroise s’attaquent aujourd’hui à la photographie.
Mi-octobre, Dóra Dúró, la vice-présidente du mouvement Mi Hazánk (« Notre patrie »), petit parti politique hongrois d’extrême droite qui se revendique ouvertement homophobe, anti-tzigane et antisémite, a demandé à la directrice du Musée national hongrois où sont exposées jusqu’au 5 novembre les photos des lauréats primées par le jury du World Press Photo 2023, d’interdire l’accès d’une salle aux personnes de moins de dix huit ans.
La raison invoquée est que, selon « Notre patrie », plusieurs photos sélectionnées dans le reportage « Home for the Golden Gays » (« Maison de retraite gay »), prises par Hannah Reyes Morales, une photographe philippine basée à Manille, ainsi que des images qui montrent des violences contre les minorités LGBTQI+ « violent la loi sur la protection de l’enfance ».
Et, sans hésiter, le ministre de la Culture et de l’Innovation de Viktor Orban, lui a donné raison et a accédé à sa demande. Depuis, un panneau avec la mention interdit aux moins de 18 ans a été accroché à l’entrée de la salle d’exposition concernée et le site Internet du musée « attire l’attention » des visiteurs « sur le fait que les personnes de moins de 18 ans ne peuvent pas acheter de billets » et que « la visite de l’exposition est recommandée sous la surveillance d’un adulte ».
Pour protester contre cette nouvelle attaque anti- LGBTQI et cet acte de censure, une dizaine de militants du « Front Uni des étudiants » ont manifesté, dimanche 30 octobre, devant l’entrée du musée en se postant sur les marches du musée avec les yeux bandés. Selon eux, « la véritable protection de l’enfance commence par une éducation de qualité, et non par l’interdiction aux enfants de moins de 18 ans de cette exposition de renommée mondiale », ont ils fait valoir. Depuis plusieurs semaines, ils ont d’ailleurs lancé une campagne pour l’organisation d’un référendum sur « l’éducation alternative » qui a déjà recueilli 75 000 signatures.
Sur son site, le World Press Photo indique que le jury a récompensé le reportage de Hannah Reyes Morales réalisé pour le New York Times « pour avoir dépeint la chaleur, la joie et la dignité » qui règne dans cette communauté âgée des Philippines « Les Golden Gays » où ils vivent ensemble et se soutiennent mutuellement depuis des décennies. Le World Press rappelle que cette communauté vit dans un pays où elle est confrontée à la discrimination, aux préjugés et à des difficultés accrues en raison de leur âge et de leur statut socio-économique. « À la mort de leur fondateur en 2012, la communauté a été expulsée et certains se sont retrouvés sans abri jusqu’en 2018, date à laquelle ils ont commencé à louer une maison à Manille », souligne le site.
Exposition à Budapes jusqu’au 5 novembre 2023
Hungarian National Museum
1088 Budapest,
Múzeum krt. 14-16.
Tel. +36-1-327-7780
Signalons que la World Press Photo Exhibition 2023 a lieu durant le mois de novembre à travers le monde entier.
Le calendrier est à consulter sur le siteDernière révision le 4 novembre 2024 à 9:25 am GMT+0100 par la rédaction
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