Elle aurait été sa première manif mais l’aveugle s’est dégonflé.
Il a voulu, il a réfléchi puis il s’est dit non, je ne suis pas assez sûr, non pas de mes convictions qui sont les mêmes depuis toujours, mais pas sûr des autres pourtant unis et regardant dans la même direction contre cet odieux fléau de l’antisémitisme, pas sûr du moindre mouvement de foule, s’il faut courir, se mettre à l’abri, même accompagné, ne pas savoir tout de suite ce qui se passe, ne pas comprendre d’où vient le danger, demander au moment où ce n’est pas le moment, être une charge pour celle qui l’accompagne, non, vraiment, c’est toujours la même histoire, depuis qu’il ne voit plus du tout, il ne contrôle plus rien du tout et dans ce cas, mieux vaut rester chez soi
Et faire, peut-être, comme le président, écrire un mot d’excuse à tous ceux que l’aveugle a envie de soutenir.
« Mes Chers Compatriotes,
Ce n’est pas en ces temps si douloureux qu’il faut que je vienne me plaindre de mon handicap, qui est si peu par rapport à tout ce que l’on apprend et entend, mais je suis désolé je n’arrive pas à faire comme si ce n’était rien. »
Alors, donc, je reste piteusement devant ma télé, en ce dimanche 12 novembre après-midi, me demandant comment o en est arrivé là, comment je peux en être là. Aveugle.
Sauf que, en fait, tout s’est bien passé, pas de provocations, pas de jets de pierres, pas d’incendies, pas de black blocs, une manif paisible, bon enfant, l’aveugle allait dire « à l’ancienne ». Et il aurait dû faire confiance en cette manif, l’aveugle, au lieu d’avoir toujours peur.
Dernière révision le 7 janvier 2024 à 1:13 pm GMT+0100 par Association Journalisme & Photographie
- Vivement dimanche ! - 28 juin 2024
- Un jour de plus - 23 février 2024
- Parenthèse chanceuse ? - 16 février 2024