L’hebdomadaire Marianne du 16 novembre 2023 consacre son dossier « Médias » au conflit israelo-palestinien. Notre ami le photographe Yan Morvan est interviewé par Stéphanie Aubouard (page 29). Nous en avons extrait quelques lignes qui concerne le photojournalisme.
Marianne : La guerre des images fait rage. Était-ce déjà le cas au début des années 1980 ?
Yan Morvan : …/… Mais cette guerre des images est aussi doublée d’une guerre entre les photographes eux- mêmes. Par exemple, jusque dans les années 1990, il y a eu le phénomène de la « raflette ». Des photographes occidentaux, parfois issusd’agences, arrivaient dans des lieux de conflit et partaient à la chasse aux clichés. Ils achetaient 100 dollars des pellicules aux photographes locaux et les revendaient aux agences et aux journaux 50 000 dollars. Des scoops énormes ont été réalisés comme ça. Notamment l’arrivée des Russes en janvier 1980 à Kaboul… Le type avait acheté les clichés une misère et la photo, signée de son nom, avait fait le tour du monde.
Marianne : Mais la technologie a changé la donne…
Yan Morvan : Aujourd’hui, ce genre de business est mort et c’est tant mieux. Cela est dû effectivement à l’amélioration du matériel et à l’apparition d’Inter- net. De nouveaux photographes locaux, notamment en Palestine et dans la région, sont très rapides et parfois très bons. Et ils travaillent en risquant leur vie. J’ai eu l’occasion de collaborer avec Issam Abdullah, le photographe libanais de Reuters tué par une frappe israélienne à la fron- tière israélo-libanaise le 13 octobre. Même s’il connaissait du monde dans le Hezbollah, ce n’était pas un terroriste, pas plus que les journa- listes blessés autour de lui. C’était un type courageux qui bossait pour nourrir sa famille…
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Dernière révision le 4 novembre 2024 à 9:26 am GMT+0100 par la rédaction