Didier de Faÿs, né le 18 septembre 1957 à Limoges, est décédé à Avignon le 11 novembre 2023 à l’âge de 66 ans d’une trop longue maladie qu’il cachait même à ses amis. C’était un pionnier de la photographie sur Internet. Avec Yan Morvan et Jean-François Bauret, ils ont fondé photographie.com à une époque ou peu de photographes et de journalistes s’interessaient au web. Nous publions ci-dessous l’hommage que lira Yan Morvan ce 22 novembre 2023 à 15h30 au crématorium d’Avignon où aura lieu la cérémonie d’adieu. La rédaction de L’oeil de l’info adresse ses sincères condoléances à Aya de Faÿs, sa fille ainsi qu’à sa famille et ses amis.
« Tu me manques, Didier ! »
par Yan Morvan
On s’était rencontré en novembre 1995, au « Web bar » près du Carreau du Temple, à l’époque haut-lieu de l’Internet. Tu revenais du Japon, plein d’idées nouvelles, partisan de médias libres et gratuit. Avec Jean-François Bauret on avait créé photographie.com pour donner la parole a une photographie émergente plus créative, plus en phase avec l’époque.
Le succès était venu rapidement. Les bonnes fées du monde de la culture (Agnès de Gouvion Saint-Cyr), de Kodak (Guy Bourreau), de Picto (Eddy Gassman) s’étaient entendu avec nous pour créer la « bourse du talent ».
Christian Caujolle nous avait invité à être le média officiel des Rencontres d’Arles dès 1997 ! Je revois encore Jean-François avec un prototype d’appareil photo numérique Kodak tentant de réaliser des clichés numériques et Didier à la manœuvre derrière les ordinateurs pour essayer quotidiennement de mettre le journal en ligne sur un réseau peu disposé à servir Internet. Puis partenaire officiel de Paris-Photo en 1998.
En 2000, pour des raisons personnelles, nous cédions nos parts à Didier, avec le serment fait qu’il poursuivrait quoiqu’il arrive la « bourse du talent ». Serment tenu.
Étrange Didier, personnage aristocratique perdu dans un univers mercantile et décidé à conserver des valeurs auxquelles il croyait. Sa fille Aya était son refuge, son Graal. Nous avions la sensation qu’elle serait son dernier combat et sa protection.
Didier était à la fois un aventurier et un poète. Il avait dix ans d’avance sur tous. Malheureusement, comme on dit, il n’était pas de ce temps, un Nicéphore Niépce des temps modernes, un Don Quichotte perdu au milieu des marchands du temple. Rentabilité.
On s’était quitté pour se retrouver vingt ans plus tard en Chine où il avait organisé pour moi prises de vue et expositions pour mon livre Champs de bataille. L’énergie était toujours là. Les Chinois croyaient en lui, tellement différent des occidentaux roublards qu’ils avaient connu. Son approche poétique de la photographie correspondait mieux à leur vision du monde de l’image. Le pays s’ouvrait à la photographie. Il serait avec eux. En 2016, on s’était perdu de vue. Je n’avais plus de nouvelles. Le Covid, la fermeture de la Chine mettait bas tous ses projets, j’imagine. Puis plus rien. Une galerie m’avait indiqué qu’il était malade et logeait chez Julia de Bierre. C’est tout.
Le 11 novembre 2023 à 14 h 18, sa fille Aya me téléphone de la chambre d’hôpital où il est agonisant. Il va mourir. Je demande à Aya de s ‘approcher de lui et de lui dire que je l’embrasse très fort.
Tu nous manque Didier.
Dernière révision le 4 novembre 2024 à 9:26 am GMT+0100 par la rédaction