Dernièrement, j’ai médité sur la notion de confiance en lien avec la photographie. Historiquement, la photographie, malgré son potentiel de manipulation, a servi de moyen fiable pour véhiculer des informations.
New York, le 12 Decembre 2023
La photogrphie a joué un rôle clé dans la transmission de la vérité, utilisée dans des domaines variés tels que le journalisme, la justice, la science, le commerce et l’application de la loi pour appuyer des affirmations. Cependant, avec l’émergence de la datagraphie (photographie as partir de donne type AI), la relation entre photographie, confiance est mise à rude épreuve, voire menacée.
Le sens de la vue
La vision est notre sens le plus fondamental. Face à des informations contradictoires provenant d’autres sens comme le toucher, l’odorat ou l’ouïe, notre cerveau accorde la priorité à ce que nous voyons pour la prise de décision. Cette dépendance à la vue est vitale pour notre survie. La photographie, prolongement de ce sens dominant, joue donc un rôle significatif dans notre processus de décision.
La photographie a influencé l’opinion publique et suscité des changements sociaux à travers des images marquantes, que ce soit les conditions de vie difficiles des immigrants au début du XXe siècle, la guerre du Vietnam, la famine en Éthiopie, ou encore les catastrophes environnementales.
Notre compréhension du monde repose en grande partie sur la photographie, surtout quand elle est notre unique source sensorielle. Si nous perdons confiance en elle, notre capacité à prendre des décisions éclairées s’affaiblit.
La photographie a joué un rôle central dans l’établissement et le maintien des démocraties. Elle a contribué à l’ascension et à la chute de dirigeants, confronté les puissants à leurs responsabilités. Sans confiance en la photographie, nos jugements sont obscurcis, mettant en péril nos démocraties et nos sociétés. La perte de confiance dans la photographie constitue une menace existentielle pour notre civilisation.
Vers une solution élégante
Comment alors préserver la confiance en la photographie à l’ère de l’imagerie générative par IA ? Comment maintenir ce lien essentiel entre vérité et photographie ?
Une idée serait de créer des appareils photo verrouillant le contenu capturé, rendant les images immuables. Nous aimons la photographie pour sa flexibilité éditoriale (recadrage, ajustement, désaturation, etc.), ce qui semble paradoxal pour une relation de confiance. Cependant, la confiance est subjective et repose sur les personnes, pas sur les objets ou les technologies. Nous faisons confiance aux photographes ou aux institutions qui nous fournissent les images, croyant que les modifications apportées ne déforment pas l’essence de l’image. Nous faisons confiance aux opérateurs, pas aux machines ou aux supports.
La question devient alors : comment continuer à faire confiance à ceux qui nous fournissent ces images ? La solution réside dans un certificat d’authenticité immuable, assurant que l’image vue correspond à l’intention de notre source d’information fiable. Plusieurs entreprises majeures s’efforcent d’implémenter cette idée avec des Content Credentials.
La valeur de la confiance
Nous avons les moyens de préserver la confiance dans les images, mais comment généraliser leur utilisation ? Quelle est la valeur réelle d’une photographie certifiée par rapport à une non certifiée ? Cette valeur dépend de l’importance de l’information qu’elle porte.
Prenons l’exemple d’une photographie nous aidant à identifier une plante médicinale ou toxique en situation de survie, ou à choisir un président entre deux candidats. Notre volonté de payer dépendra de la fiabilité de l’information.
Le défi
La gratuité de l’information financée par la publicité nous a habitués à ne pas payer pour nos nouvelles. Les marques, cherchant avant tout à capter notre attention, n’ont pas d’incitation à investir dans des informations certifiées. Ainsi, de nombreux médias ont dû introduire des abonnements payants
Devraient-ils augmenter leurs tarifs pour garantir des images de confiance ? Les consommateurs accepteraient-ils de payer davantage ? Les annonceurs soutiendraient-ils financièrement cet effort ?
Ou faut-il légiférer pour imposer une déontologie journalistique, exigeant l’utilisation d’images certifiées par les médias accrédités ? Cependant, toute démocratie serait réticente à limiter la liberté d’expression en dictant les sources d’information.
Actuellement, les principaux défis pour établir des plateformes de contenu visuel fiable et sécurisé sont plus commerciaux que techniques. Monétiser la confiance est essentiel pour inciter les créateurs et consommateurs d’informations à privilégier des échanges fondés sur des valeurs partagées. Aligner la valeur monétaire de la crédibilité avec son rôle crucial dans le progrès humain pourrait permettre de préserver l’essence éclairante de la photographie à l’ère numérique, grâce à une collaboration innovante plutôt qu’à une réglementation stricte.
Cet article a été publié en anglais dans KapturDernière révision le 4 novembre 2024 à 9:27 am GMT+0100 par la rédaction
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