Ils sont très rares les amateurs qui nous font regretter de n’avoir pu découvrir ou exposer leur talent plus tôt ! C’est le cas de Philippe Grincourt qui a dû surmonter les aléas incontournables d’une riche vie professionnelle de cadre d’entreprise et de famille très réussie avant de prendre enfin le temps de révéler sa passion secrète de la photographie.
Pour aller jusqu’au bout d’un parcours qui l’a naturellement mené (merci Corinne) ici en fin de terre ou Finistère, terre promise de tous ses reportages photographiques.
Ce fut le pas décisif qui lui a permis de franchir le Rubicon d’un engouement source de grandes images. Comme sur l’île Callot, pour honorer depuis quinze ans et demander tel un célèbre Pardon local, à double sens déjà pardonné, d’avoir tant attendu pour nous honorer de sa prédisposition remarquable à la pratique de la photographie.
Une photographie que, pendant près de quarante ans, Philippe a voulu discrète sur les traces d’un Raymond Depardon ou d’un Cartier-Bresson dont il est devenu, à l’insu de son plein gré bien sûr, un étonnant disciple exigeant pour faire de lui (ancien employé de haut niveau) un photographe tout empreint d’humilité et de réussite dans l’art de capter les « instants décisifs » chers à ses maîtres de référence.
Muni de son Nikkormat et d’un 35 mm, Philippe a pu enfin laisser libre court au plaisir intense de saisir le réel dans tout l’effet de sa perception spontanée en tant que photographe en herbe qui a toujours détesté une photo posée ou montée.
Si ce n’est avec une Nature en majuscule qui s’est imposée à lui de par sa beauté originelle, intrinsèque, sa force tellurique lors de ses marches renouvelées dans des paysages plus que séduisants, captivants comme face au menhir Men Marz à Brignogan.
A Kerlouan, devant la pointe Beg Ar Groas, à Plounéour-Trez ou dans les monts d’Arrée, il a fait de sa magistrale maîtrise d’une photographie toujours en noir et blanc « la mise en ligne de mire de l’œil, de l’intelligence et du cœur » dirait Cartier Bresson.
La rigueur de ses cadrages accentue, sans pollution aucune dans le format de ses images, l’impression de faire de nous toutes et tous les habitant(e)s de ces panoramas granitiques ou verdoyants en nous donnant l’heureux sentiment d’échapper à la contrainte du temps en marche !
Car Philippe Grincourt a raison de le souligner : « le noir et blanc est en photographie le meilleur moyen d’accéder à une intemporalité » – qui -selon lui est telle « un blues » qui enchanterait autant nos oreilles que notre mémoire visuelle.
A ses débuts Philippe se voyait bon photographe «working in progress » selon l’expression consacrée ,mais « très mauvais tireur » En effet l’arrivée du numérique l’a sauvé pour faire de lui aujourd’hui un maître en logiciels, devenu – chemin faisant -un remarquable expert en tirages numériques .
Regardez bien chacune de ces 28 images, dont la qualité des noirs et des blancs, des gris parfaitement équilibrés constitue la profusion de cette densité picturale en tirages exemplaires. Ils sont tous autant de messages offerts, tels des bulletins de transmission sur la richesse patrimoniale de notre originale Bretagne. Qui parfois même, sous le regard médusé de la bigoudène de Pors-Poulhan , fait côtoyer à Guissény cimetière et bar de proximité , pour permettre à tout breton digne de ses origines de célébrer et la vie et son pays à nul autre pareil !
Chassez le naturel, il revient toujours au plus beau dans le viseur d’un des plus grands photographes amateurs de notre époque, passé maître dans l’art très professionnel de faire de ses photographies des « tableaux vivants » depuis les rives des « Côtes de légendes » jusqu’au cœur du Pays Pagan ou de la baie de Morlaix et j’en passe !
Dans la conjugaison de cette alchimie et symphonie iconique que Philippe Grincourt a créé, l’œil grand ouvert, il a fait de toutes ces masses de pierre les réponses métaphoriques de la terre à la mer -en têtes d’animaux, d’oiseaux suggérés !
La plus saisissante est certainement à Kerlouan cette tortue subliminale au visage muni du fameux œil de pierre, de Pierre Chanteau, c’est le cas de le dire, son ami et comparse cela va de soi , qui accentue l’impression d’une pose bien trouvée à l’abri des vents !!
Il a su donner naissance à un graphisme évident en saisissant dans le viseur de son 35 mm l’élégance minérale de tous ces granits soumis à la déferlante de vagues, dont la blancheur écarlate contraste avec la noirceur très bien perçue des nuages qui les justifient.
A l’heure des débats climatologiques qui perdurent fort à propos, l’ensemble de cette exposition est de fait une plaidoirie qui ne dit pas nom. C’est l’occasion renouvelée de mieux voir chaque image de Philippe Grincourt, comme un hommage et une prise de conscience de la beauté de notre monde, du théâtre grandiose que nous offre tous les jours une certaine Bretagne. Dans l’espoir qu’elle ne devienne jamais une sublime arche de Noé !Dernière révision le 26 décembre 2023 à 11:57 am GMT+0100 par la rédaction
- Marion Mertens
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