Plus d’une décennie plus tard, l’odeur du jasmin tunisien semble bien évaporée ; remplacée par celle de la mort au Proche Orient. Des dizaines de journalistes, de photographes meurent en Palestine, en Israël, au Liban, mais toujours des images nous parviennent. Le 17 janvier 2011, Luca Dolega était le premier photographe à mourir à l’aube d’un mouvement qui allait enflammer la Tunisie, puis l’Egypte, la Lybie, la Syrie …
Hamideddine Bouali fait le point sur ses consoeurs et confrères qui sont « nés » de la révolution tunisienne ; et, ont fournis tant et tant d’images à la presse mondiale.
Un photographe à fleur de peau
Amine Landoulsi est passionné de photographie depuis son adolescence à la suite de la lecture du livre « La danse des pierres » illustré par Jean Claude Coutausse[1].
Il rejoint Hamideddine Bouali pour lancer le Club Photo de Tunis en janvier 2010. Le 12 janvier 2011, il commence à suivre l’actualité. Deux semaines plus tard, son portrait du Général Ammar est en couverture de Jeune Afrique.
C’est à Visa pour l’image, à Perpignan de la même année, qu’il rencontre Laurent Rebours de l’Associated Press qui le recrute sur le champ comme pigiste. Il réussit plusieurs premières pages ; Libération, Marianne et du New-York Times avec des images désormais dans les archives de l’histoire tunisienne.
En 2012, il sera engagé à plein temps par l’agence Turque Anadolu pour couvrir la turbulente vie sociale et politique de la Tunisie jusqu’à ce qu’il jette l’éponge en 2017 pour conflit de choix éditoriaux.
Son exposition « Amen » en 2018 à la Maison de l’Image a été sa rétrospective de ses années photojournalisme. Ses reportages se distinguent par une approche épidermique du sujet, toujours à bout portant, au plus près du lieu de tension. Il lui arrive de prendre ses distances, pour montrer la vacuité de la vie ou son côté dérisoire. Se contenter de voir ses photographies pour comprendre la personnalité d’Amine Landoulsi nous induirait forcément en erreur. On l’a vu, mainte fois, préférer venir en aide aux gens en détresse que de remplir son rôle de photographe, aidant un vieux monsieur pris entre la fumée de pneus incendiés et un nuage de gaz lacrymogène, ou demeurer immobile pendant un long moment afin de laisser une dame âgée se reposer sur son épaule. Pour cela, il a forcé le respect des ténors de la profession, par ses prises de position en faveur des novices et ses principes éthiques et déontologiques.
Il lui arrive de prendre ses distances, pour montrer la vacuité de la vie ou son côté dérisoire. Par sa parfaite connaissance du terrain et des hommes, il continue, en freelance, d’être sollicité par des médias étrangers pour réaliser des reportages ou pour jouer le rôle, oh combien important, de fixeur.
Aujourd’hui, à 47 ans, il s’est offert un gîte, telle « une retraite » à Sidi Bou Saïd, où il inaugure une expérience artistique novatrice, un lieu de vie, de rencontres et de photographie. Ses dernières productions tournent autour du portrait avec une ostensible humanité partagée avec ses modèles. Un des meilleurs souvenirs d’Amine Landoulsi demeure sa rencontre avec Jean Claude Coutasse un vendredi 13 novembre 2015, face à ses photographies accrochées à la première Biennale des photographes Arabes contemporains à l’Institut du monde Arabe à Paris.
Hamideddine Bouali, photographe et formateur en photographie depuis une trentaine d'année, passionné par l'histoire de la photographie en Tunisie. Depuis 2006 il animre un blog où il évoque les différentes pratiques de la photographie. En décembre 2023, il se joint à l'équipe de L'oeil de l'info.
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