Pour célébrer soixante années de relations diplomatiques entre la Chine et la France, le Jeu de Paume organise au château de Tours, jusqu’au 26 mai 2024, une exposition à partir du travail de deux photographes issu des Archives diplomatiques françaises.
D’un côté les paysages et portraits réalisés dans les années trente par une femme remarquable, Hélène Hoppenot. De l’autre, le travail documentaire d‘André Travert sur les bouleversements que connait la société chinoise entre 1947 et 1971.
Le lien entre le Quai d’Orsay et la photographie est une vieille histoire. A la fin du XIXe siècle les émissaires français du ministère des affaires étrangères font partie des premiers occidentaux à pénétrer et séjourner dans les pays d’Afrique, d’Amérique ou d’Asie qui s’ouvrent à la pénétration étrangère, des fois de gré, souvent de force. De par leur fonction, ils ont la possibilité de voyager librement à la découverte de populations et territoires jusque là peu connus par leurs concitoyens. D’origine aisée et érudits, ils sont curieux des coutumes et de la vie quotidienne de celles et ceux qu’ils rencontrent et vont en porter témoignage par des compte-rendus écrits souvent accompagnés de photographies, activité que nombre d’entre eux pratique en amateur. Ces images rejoindront les dépêches, traités, compte-rendus, télégrammes et autres documents plus ou moins secrets, précieusement conservés, on n’est jamais à l’abri d’un malentendu.
Epouse d’un diplomate, Hélène Hoppenot a accompagné son mari dans les différents postes qu’il a occupé autour du monde mais ne s’est jamais confinée à un rôle d’organisatrice effacée de diners protocolaires. C’est une femme intelligente et cultivée, une intellectuelle et une artiste engagée qui s’intéresse aux cultures qu’elle découvre et aux personnes qu’elle rencontre. En 1933, le couple arrive à Pékin où elle se prend de passion pour le pays où elle résidera pendant quatre ans. Photographe amateur mais non dénuée d’une réel talent, elle a été initiée à la pratique par l’écrivain Paul Claudel. Elle achète un Rolleiflex et l’aura de cesse que de photographier ce monde qui la fascine, en complément du journal intime qu’elle tient régulièrement, et réalise de nombreuses images de monuments, de paysages, des villes, des campagnes mais également du quotidien des Chinois.
Dix ans plus tard, André Travert est affecté à l’ambassade de France à Chongqing, comme « secrétaire d’Extrême-Orient de 3e classe », puis en mars 1948 à Nankin comme « secrétaire d’Extrême-Orient, archiviste ». Ce passionné de l’Asie et la Chine en particulier, pour laquelle il voue une véritable passion et où il effectuera une grande partie de sa carrière, sera le témoin de la défaite du gouvernement nationaliste chinois et de la victoire des troupes de Mao. Pratiquant une photographie documentaire, il enregistre les témoignages visuels de l’évolution de la société chinoise : habillement, affiches et slogans de propagande, scènes de rues à Shanghai et Canton, paysans au travail, parades officielles, foules dans les rues, autant de témoignages des réformes engagées par le régime communisme. Envoyé à Hong Kong, il sera un des premiers « China watchers », ces diplomates, observateurs, narrateurs et un peu espions qui, durant des décennies, suivront de près l’évolution politique du pays.
Exposition
« Ombres chinoises. Sous l’oeil des diplomates »
Du 24 novembre 2023 au 26 mai 2024 au Château de Tours – https://jeudepaume.org/Dernière révision le 15 janvier 2024 à 6:07 pm GMT+0100 par la rédaction
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