L’acteur et le photojournaliste Fabiàn Cevallos de l’agence de presse Sygma est décédé le 8 janvier 2024 à 83 ans. Il était unanimement apprécié dans le monde de la photographie comme du cinéma.
« J’ai connu Fabian dans une soirée follte » se souvient Monique Kouznetzoff. « René Château, le petit fils de Belmondo, Fabian qui était alors acteur lors d’une soirée folle organisé autourd de Dalida. Après il est retourné à Rome. Et le 13 mai 1981, Il y a la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II. A ce moment Sygma n’a personne à Rome… Henrotte et moi nous nous interrogeons et je lui parle de Fabian. Fabian a fait des photos mais surtout de la « récup » qui a fait le tour du monde. C’est comme cela qu’il est devenu notre correspondant à Rome. » Monique Kouznetzzof travaille alors beaucoup avec lui pour des rendez-vous avec les stars du cinéma, des tournages car, ajoute-t-elle, il était très aimé par les plus grands réalisateurs.
Nous publions ci-dessous un portrait de Fabian que son épouse nous a confiée. Avec nos remercciements, les sincères condoléances de la rédaction. MP
Festival de Cannes 1988 – Prix de la Photographie de Cinéma (La Leica d’Or) pour son reportage durant le tournage du « Dernier Empereur » de Bernardo Bertolucci
Paris 1990 – Premier Prix européen de la Photographie pour son reportage durant le tournage du « Thé au Sahara » de Bernardo Bertolucci
Mouvements précis, chaudes couleurs et volumes suaves, comme une épreuve d’artiste d’inspiration Renaissance où le clair aime à jouer avec l’obscur, le regard de FABIAN nous entraîne sans détours dans la magie de la photographie. C’est le vécu et l’à vivre de toutes les époques, sans commencement ni fin. Par lui, le « Tout » vit son intemporalité…
C’est sous le soleil de l’Equateur, dans le célèbre et splendide village de Otavalo au nord de Quito, que Fabian a vu le jour. Nourri par un enseignement où l’Esprit occupe une place royale, c’est la nature qui va féconder ses rêves.
Une toile vieillie, maladroitement accrochée à quatre tasseaux sur laquelle s’agite tant bien que mal la projection de Fanfan la tulipe de Christian Jaque va un jour éveiller sa passion pour le cinéma.
Alors, fort dans l’âme et ayant pour tout bagage, le profond désir de devenir comédien, il quittera sa famille et voguera vers le vieux continent…
Sa volonté et son endurance furent mises à l’épreuve durant toutes ses années d’émigration. Il arrivera en France en 1959, épuisé mais heureux et, l’aventure pour lui n’aura point de fin.
Après avoir étudié le français, il obtiendra une bourse et entrera au Conservatoire d’Art Dramatique. Fernand Ledoux, Yves Furet l’initieront à la littérature classique du théâtre français et étranger. C’est à la fin de ses études, qu’il exercera ses talents de comédien aussi bien sur les planches de nombreux théâtres qu’à la télévision. Il interprètera notamment le rôle du très célèbre « Vendredi » dans Robinson Crusoé de Daniel Dufoe en 1963. Parallèlement à ses débuts prometteurs, la méthode de Constantin Stanislavsky enseignée par Lynn Gordon de l’Actor’s Studio l’attirera davantage vers le cinéma.
Tous les chemins mènent à Rome (!) et, c’est en 1967 qu’il quittera Paris pour aller s’y installer…
L’Italie lui offrira la possibilité de participer à bon nombre de « westerns spaghettis ». Puis le réalisateur Ansanno Giannarelli lui proposera en 1968, le rôle d’un reporter photographe de Life dans son film sur la révolution sud-américaine après la mort du Che.
L’aventure continuera encore et encore jusqu’au jour où, après la projection de ce « film évènement », un réalisateur italien au nom très célèbre de Luchino Visconti cherchera « les yeux » du reporter photographe pour les scènes de son prochain film, Ludwig. Alors amoureux de l’image cinématographique sous toutes ses formes, Fabian acceptera de devenir photographe professionnel en ayant conscience que la voie qu’il s’était fixé pouvait aussi prendre une autre tonalité.
Ce chemin faisant, en 1972 l’agence Gamma lui offre le poste de correspondant en Italie et six mois plus tard, la nouvelle agence de photojournalisme, Sygma, l’intégrera dans son équipe.
E la nave va…
S’entremêleront alors des reportages de grande actualité comme 14 voyages auprès du Pape Jean Paul II, l’invasion américaine sur l’île de Grenade (scoop qui lui vaudra les couvertures les plus célèbres : Life, Time, Paris-Match, Stern, Sunday Times….) et sa présence de plus en plus souhaitée sur les plateaux de tournage les plus prestigieux d’Europe et d’Amérique.
Respectueux de tous ceux qui font le « cinéma », Fabian rendra témoignage jusqu’à ce jour de plus de 185 films. Pour ne citer que quelques-uns des réalisateurs : Visconti, Pasolini, Fellini, Scola, Bertolucci, Comencini, Ferreri, Antonioni, Zeffirelli, Tornatore… Wim Wenders, Coppola, Blake Edwards, Polanski, Volker Schloendorff, James Ivory, Emir Kusturika…. Claude Lelouch, Louis Malle, Jean-Paul Rappeneau, David Cronenberg…
Parallèlement à tous ces tournages, devant son objectif s’épanouiront de nombreuses personnalités comme Claudia Cardinale, Lino Ventura, Nastassja Kinski, Al Pacino, Fanny Ardant, Virna Lisi, Monica Bellucci, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassmann, Ornella Muti, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Philippe Noiret, Carole Bouquet, Gérard Depardieu…. Yehudi Menuhin, Barbara Hendricks, Gabriel Garcia Marquez, Ute Lemper… Alberto Moravia, Fidel Castro, l’Abbé Pierre…
Une passion pour l’image et de la lumière sans artifice…
Brigitte Foucault-Cevallos
Plus sur Fabian CevallosDernière révision le 27 janvier 2024 à 9:27 pm GMT+0100 par la rédaction