Impossible de dissocier la remarquable exposition rétrospective du si talentueux photojournaliste Pascal Maitre ; de la magie et du charme de la Villa Tamaris à La Seyne sur Mer.
Si vous avez la chance d’arriver par la gare de Toulon, surtout, surtout prenez votre temps. Rendez-vous sur le port de Toulon, pour vous offrir la traversée de la rade. Proche de la célèbre statue « Cuverville » qui ne doit son nom qu’à l’orientation de son cul, se trouve l’embarcadère.
Comme une mini croisière, d’une vingtaine de minutes par la ligne régulière des navettes maritimes, pour la modique somme de 2 Euros. L’arsenal militaire et son armada grise, les ferries jaunes pétard en partance vers la Corse et quelques luxueux anciens voiliers en bois vernis, sans oublier les chatoyants pointus traditionnels. Au loin la presqu’île de Saint-Mandrier et sa colline boisée. Merci l’armée, aucune construction !
Après le passage du fort Balaguier qui fait une avancée dans la mer, découverte de la baie de Tamaris et de ses parcs à moules que vous traverserez. Et, tout le long de la corniche de somptueuses villas coloniales et leurs jardins d’arbres exotiques centenaires, datant d’une époque où George Sand venait là en villégiature.
La mer irisée, le souffle de l’air, la lumière méditerranéenne égalent un dépaysement garanti.
Le bateau vous déposera au pied de la route bordée par une allée de majestueux platanes conduisant à la « Villa Tamaris ». Une petite grimpette, certes, mais cette mise en bouche paysagère me semble indispensable pour encore mieux apprécier cette extraordinaire exposition.
Tout est dans la couleur, la lumière du Sud et celle des photos de Pascal Maitre nous laisse pantois. Que ses photos soient argentiques ou numériques. Du grand art. Vraiment.
Dès la première salle, très vaste, des tirages couleur immenses sont collés, comme du papier-peint sur les murs, repeints pour cette occasion d’un rouge tirant sur le grenat en parfaite harmonie avec les photos. Aucun reflets dénaturants, juste la perfection de l’image. Félicitations au directeur artistique !
Trois niveaux d’exposition… De l’art engagé. Des reportages qui touchent. Des sensibilisations au quotidien de la vie des hommes dans des pays où tout est si différent du notre.
Des salles plus petites, attenantes aux grands halls, offrent des thèmes photos plus spécifiques.
Le problème de la cuisine au charbon de bois en Afrique, où l’investissement dans une bouteille de gaz est pécuniairement impossible. La vie se vit au jour le jour. Impact évident sur la déforestation et la pollution. 2,5 milliards d’humains sont dans ce cas. L’accès à l’électricité est bien loin d’être universel.
Autre thème lié à la non électricité ; dans une autre petite pièce, obscure, mur noir, une série de photos troublantes, où la seule lumière possible est celle de style lampe à pétrole, mais dans des boites de conserve recyclées. Émouvant. La vie, la nuit, sans la lumière qui nous est si habituelle. Merveilleuse photo d’un accouchement. Ou celle de petites ouvertures dans les cases d’un village désert, où de minuscules flammes, nous suggèrent que des gens vivent là…
Dans une autre petite salle, consacrée au changement climatique. Comment à travers une simple photo, faire passer un message ? Des oasis perdus dans les dunes du désert saharien, des îles Maldives où le rivage flirte dangereusement avec une montée des eaux… Pascal Maitre observe le monde et nous interpellAu 3ème étage, dans la grande salle centrale, une fresque photographique exceptionnelle, peut-être 15 m de long, prise d’une pirogue sur le fleuve Congo, comme une bande dessinée.
Le commerce, vu qu’il n’y a pas de route, s’effectue grâce à un train de baleinières fluviales qui s’arriment le long des berges. Les vendeurs vivent à bord, femmes aux boubous colorés s’affairent, coiffeurs, scènes de vie saisies sur le vif. Les pirogues affluent des villages voisins et s’arriment aux barges pour les transactions commerciales. Les détails saisissants de cette photo nous transporte dans l’ailleurs…
Et l’Afghanistan, les peuples peuls, la Sibérie, le Pérou… Après plus de quarante ans d’observation, sur le terrain, le regard photographique de Pascal Maitre devient un témoignage questionnant. La planète part-elle en vrille ?
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Pascal Maitre
Exposition à la Villa Tamaris
Rétrospective Pascal Maitre
295 avenue de la Grande Maison 83500 La Seyne-sur-mer
du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h30, sauf jours fériés.
Entrée libre du 3 février 2024 au 5 mars 2024 – Site web
Directeur artistique : Cyril Bruneau
Dernière révision le 24 mars 2024 à 11:39 am GMT+0100 par la rédaction
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