« La presse papier est en train de disparaître. Personne n’aurait osé le dire de façon aussi crue si des hauts fonctionnaires de Bercy et du ministère de la Culture ne l’avaient écrit dans un rapport sur l’avenir de la distribution de la presse en 2023 : « La difusion de la presse quotidienne nationale imprimée, vendue au numéro, atteint des niveaux quasi confidentiels. » Et pour être bien sûrs que leur constat, entériné par Pierre Boissier, inspecteur général des Finances, soit pris au sérieux, ils ajoutent : « La mission projette une baisse de la vente au numéro de la presse quotidienne nationale d’information politique et générale de 62 % d’ici à 2030. » Ce qui donnera, accrochons-nous, une vente globale de 53 200 exemplaires papier par jour pour l’ensemble des quotidiens nationaux, au lieu de 140 000 aujourd’hui. Pourra-t-on alors considérer que la presse pèsera toujours sur la vie démocratique ? Même si des lecteurs migrent vers Internet, comment ne pas y voir un sentiment de défiance à l’encontre de la presse traditionnelle ? »
Ce n’est pas la première fois que l’on annonce la disparition de la presse imprimée, le « print » comme l’on dit aujourd’hui. Déjà aux USA, à Dallas en 1979, Gérard Théry dirigeant de la Direction Général des Télécommunications au ministère des PTT annonçait avec fracas la « fin de la civilisation du papier [1]». Quant à l’énarque Pierre Boissier, il fut au coté d’Anne-Marie Couderc un des artisans du « sauvetage » puis de la déconfiture du Pole Photo d’Hachette-Lagardère qui entraina la faillite du Groupe Eyedea (Gamma – Rapho – Keystone et une demi douzaine d’autres agences photographiques).
Emmanuel Schwartzenberg ajoute :
« Il n’y a pas que les quotidiens : la presse magazine, notamment hebdomadaire, subit également la désafection du public. En 2022, les ventes de Paris Match sont des- cendues à 99 161 exemplaires, celles de Gala à 58 223. Côté newsmagazines, en 2023, le Point (28 549 exemplaires) a devan- cé Marianne (23 151). Le duo distance ses deux poursuivants l’Obs (13 496) et l’Express (9 950). Les premiers résultats de la nouvelle formule de Marianne laissent cependant penser que notre hebdomadaire connaîtra une progression de 15 % sur 2024. »
Il conclut sur la « Drole de morale » des gouvernements successifs qui finance une presse quotidienne aux mains de quelques richissimes propriétaire. Un constat hélas bien connu depuis des décennies, mais toujours utile de rappeler aux lecteurs.
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Notes
[1] In Minitel Story de Michel Abadie Ed. Favre 1966 et G. Schwartz, « Les Français sont bien placés dans la révolution des télécommunications », Le Matin, 28 février 1979.
Dernière révision le 21 juin 2024 à 7:32 pm GMT+0100 par la rédaction