C’est le portrait d’une certaine Amérique que propose le musée Maillol avec l’exposition de l’artiste Andres Serrano, éclairage qui prend une dimension toute particulière en perspective des prochaines élections présidentielles qui auront lieu dans un pays fracturé.
Sont présentées plusieurs séries allant des années 80 jusqu’à nos jours où par des portraits d’individus et d’objets, l’auteur nous livre sa vision des questions éthiques et sociales qui divisent son pays. Sont convoqués des homeless, des membres du Klux Klux Klan, des objets à connotation raciste, des armes, des amérindiens, la mort, le sexe, la religion et même Donald Trump.
C’est une plongée dans l’inconscient américain à travers une galerie d’images en grand format hyper colorées, frontales voir brutales dont l’esthétique se confronte l’inhumanité des thèmes évoqués. Fortement imprégné de catholicisme, l’auteur, qui ne se revendique pas photographe mais artiste conceptuel utilisant la photo, produit une œuvre iconique qui explore les question éthiques et sociales qui traversent son pays.
En 1987, l’artiste avait beaucoup fait parler de lui avec l’oeuvre Piss Christ qui avait déclenché une vague de protestations chez les culs bénis conservateurs et autres intégristes prompts à dresser des buchers pour rôtir les hérétiques. Il y avait déjà là amplement de quoi rendre son travail sympathique et intéressant. Serrano a poursuivi son exploration de la culpabilité US abordant des thèmes sensibles et bousculant les mythes pantelants du rêve américain.
« Le thème qui revient dans toute mon œuvre, c’est l’idée du portrait. Que ce soit un individu, un lieu ou un objet, c’est toujours un portrait. Je me suis toujours dit que mon œuvre était ouverte à l’interprétation. Cela peut être un portrait de ce qu’on peut prendre comme quelque chose qu’il ne faudrait pas photographier, comme la mort, ou quelque chose avec lequel on a un problème, comme Donald Trump ou le Ku Klux Klan. J’aime regarder les choses de façon impartiale. Je suis curieux et je pense que mon public est curieux, donc je photographie sans jugement. Le seul jugement que j’ai, c’est un jugement esthétique. J’essaye de faire des photos qui sont belles, qui ont une belle composition, une bonne lumière, un bon éclairage. Je veux que le sujet, quel qu’il soit, apparaisse bien. Mon désir n’est pas de condamner César, peu importe qui est César, mais d’honorer César. »
Exposition « Portraits de l’Amérique » Andres Serrano – Musée Maillol
Jusqu’au 20 octobre 2024 – Site du Musée Maillol
Dernière révision le 15 mai 2024 à 11:27 am GMT+0100 par la rédaction
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