L’aveugle (qui ne l’a pas toujours été) est enfermé à double tour (de scrutin) par sa cécité qui l’empêche de voir la tête des candidats de sa localité au premier tour des élections législatives. Déjà qu’il n’a pas retenu leurs noms…
C’est vrai, ça, c’est important la tête des gens, la tête qu’ils ont, la tête qu’ils font, le regard, leur sourire… L’aveugle vit ça au quotidien mais là, c’est pire.
Il aurait bien voulu voir Macron annonçant la dissolution.
Il voudrait bien voir la photo sur laquelle, paraît-il, Gabriel Attal a le visage pétrifié à l’annonce de la nouvelle.
Et Éric Ciotti ? Quelle tête faisait-il en faisant part de son coup d’éclat ?
L’aveugle aimerait bien savoir aussi à quoi ressemblent Bardella, Bompard, Sandine Rousseau… Jamais vus !
Sans parler des anonymes interrogés dans la rue dont le ton anxieux laisse entendre un vrai désarroi… Surtout qu’ils la voient, eux, la tête des candidats.
L’aveugle essaie de se faire une idée de tout cela.
Les idées, justement, c’est ce qui compte le plus dans ces élections et l’aveugle ne risque pas de voter à la tête du client.
Maurice Achard a débuté sa carrière de journaliste à Combat et a participé au lancement du Quotidien de Paris. Il est passé par Libération avant de rejoindre France Inter, où il a animé l'émission quotidienne Culture Club et l'émission littéraire Texto. Fin 1990, il est devenu rédacteur en chef des pages culture-spectacles-télévision au Parisien, qu'il a quitté fin 2004. Maurice Achard a publié une douzaine d'ouvrages, dont La Poudre aux yeux (Flammarion), roman adapté au cinéma par Maurice Dugowson, et une trilogie sixties, Dactylo Rock, Guitare Solo, Souvenirs souvenirs (Flammarion). Il a publié L'Autodidacte chez Fayard en 2005.
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