Figure remarquable de l’histoire de la photographie japonaise assez méconnue en France, Yasuhiro Ishimoto est un auteur qui a fait le lien entre le formalisme américain et l’esthétique niponne, son travail ayant une influence déterminante sur les futures générations de photographes japonais
Le BAL présente une figure remarquable de l’histoire de la photographie japonaise assez méconnue en France : Yasuhiro Ishimoto. Pour la première fois en Europe, l’exposition, organisée en étroite collaboration avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center au Museum of Art de Kochi au Japon, rassemble 169 tirages d’époque. Le parcours de l’exposition se concentre sur les premières décennies de l’oeuvre d’Ishimoto, entre Chicago et le Japon.
Figure majeure des années 50 et 60, Ishimoto est considéré comme « visuellement bilingue » de par sa capacité à allier l’approche formelle du Bauhaus à la quintessence de l’esthétique japonaise, sans jamais renoncer à un regard critique sur les questions sociales de son époque. Cette alchimie singulière est le fruit d’un parcours tout aussi singulier.
fNé de parents japonais en 1921 à San Francisco, puis élevé jusqu’à l’âge de 17 ans au Japon, Ishimoto retourne aux États-Unis en 1939. Interné dans les camps regroupant les américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor, il est libéré et intègre l’Institute of Design de Chicago en 1948 créé par László Moholy-Nagy sous le nom de New Bauhaus, où il apprendra la photographie sous la férule de Harry Callahan. Après cette féconde période de formation, il retourne au Japon et devient une figure majeure de la scène photographique niponne, rompant avec la pratique du moment essentiellement documentaire qui témoignait des stigmates laissés par le conflit mondial.
Son travail, essentiellement en noir et blanc, aura une influence déterminante sur les futures générations de photographes japonais, particulièrement ceux du mouvement Provoke, qui pousseront ensuite encore plus loin l’expression graphique de leur propre subjectivité. Constamment en quête de renouveau dans son travail photographique, Ishimoto a tissé un lien entre Orient et Occident, entre formalisme et esthétique épurée. Ses images, qui ont capturé l’effervescence de Tokyo ou l’énergie de Chicago, relèvent d’une esthétique singulière combinant la culture japonaise à des influences occidentales. La beauté vibrante et ordonnée de ses compositions témoigne d’une approche unique de la photographie moderne.
« Un homme à double dimension, capable d’une part de contempler de l’extérieur avec étonnement et respect, le côté étranger de cette beauté, et de l’autre de la représenter et de nous la faire comprendre comme allant de soi, comme une beauté vécue de l’intérieur et devenue sienne.» (Stefan Zweig).
Yasuhiro Ishimoto, des lignes et des corps
Le BAL, Paris
Jusqu’au 17 novembre 2024
https://www.le-bal.fr/
Dernière révision le 21 juillet 2024 à 12:07 pm GMT+0100 par la rédaction
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