C’est avec des mots lourds de chagrin que nous écrivons ces lignes. Jocelyne Manfredi, pilier infatigable de Sipa Press et du photojournalisme, nous a quittés.
Jocelyne était une exception à multiples facettes. Femme dans un monde d’hommes machistes, elle jonglait avec plusieurs conversations, en plusieurs langues, avec photographes, fixeurs, directeurs de la photo, amis, tout en regardant les informations, et éditant des images, tout en vous faisant sentir que vous étiez la personne la plus importante au monde. Elle était toujours sur le qui-vive, respectant toujours multiples délais, faisant entrer les films et sortir les photographes, souriant et fronçant les sourcils en même temps. Ses yeux ronds en disaient souvent plus que sa voix.
Curieuse, intelligente, diligente, elle savait exactement quand s’appuyer sur les autres et quand prendre les choses en main. Elle était la championne de Goksin, exécutant ce dont il avait besoin avant même qu’il ne le demande. Elle était notre sœur préférée, celle à qui on se confiait quand le monde semblait contre soi et celle avec qui on célébrait quand tout était victorieux.
« Elle était l’arme fatale de Goksin » Mete Zihnioglu
Jocelyne est née en 1950, citoyenne du monde dès le départ. Son père, attaché militaire américain, déplaçait sa famille de neuf enfants à travers les continents. Née à New York, Jocelyne a fréquenté des écoles à New York, Paris et Rome, devenant trilingue – et bien sûr, elle parlait aussi espagnol.
À 30 ans, elle a rejoint Sipa, s’embarquant dans un voyage de 40 ans qui allait définir sa vie et l’agence. Pendant une décennie, elle a été l’arme secrète de Goksin, travaillant sans relâche dans son bureau. Un de ses plus grands accomplissements ? Sipa USA, le bureau de New York qu’elle a cultivé avec succès pendant des années. Grâce à elle, Sipa a représenté des géants comme Corbis, Getty, Hutton Deutsch, EPA et EFE en France.
Dans le cirque quotidien qu’est une agence de presse photographique internationale, Jocelyn était le maître de cérémonie. Elle coordonnait tous les participants avec un mélange magistral de passion, d’intelligence, d’énergie, de résilience et d’adoration silencieuse. Elle aimait, adorait et respectait le photojournalisme et ses acteurs avec la même intensité qu’ils lui rendaient.
Jocelyne était plus qu’une collègue ou une professionnelle. Elle était un point de référence, un repère pour Sipa, pour les photographes et les éditeurs du monde entier. Son héritage est gravé dans chaque image, chaque histoire et chaque cœur qu’elle a touché dans son remarquable voyage à travers l’objectif du photojournalisme mondial.
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