J’ai connu Yan Morvan sur les bancs de la fac de Vincennes, département cinéma. Il avait 19 ans. On s’est lié d’amitié rapidement. Il voulait devenir photographe. Je l’ai entraîné à Fotolib. J’avais la carte de presse de l’agence n°50, et lui 51…Nous avons trempé les mains ensemble dans l’hyposulfite de sodium, couru dans les manifestations, partagé bagarres et fou rires.
Il avait un humour féroce, extravagant, et une simplicité d’âme. Nous étions proches d’esprit mais différents de constitution, moi sur ma mobylette baba cool, lui en blouson de cuir sur sa Norton 850.
Il avait un rêve : devenir l’un des plus grands reporter photographe. Aujourd’hui il est une légende pour nous, comme pour la jeune génération.
Nous nous sommes perdus de vue en 1981 lorsque j’ai cheminé dans d’autres lieux. Grâce à L’oeil de l’info je suivais son parcours…
Je l’ai revu chez lui, à Paris, puis dans des expositions. Toujours le même, intègre et pudique. Je n’étais pas un intime mais un compagnon de route. Il savait que j’enseignais le taichichuan et voulais faire uns sorte de happening mélangeant photo et démonstration corporelle…
Il va nous manquer beaucoup. J’avais une grande tendresse pour lui, l’ours. Il m’avait révélé sa faiblesse du cœur, aussi j’ai été surpris par son départ en Ukraine… Un géant au cœur fragile.
Mes pensées de force et de courage vont à son épouse qu’il admirait et à ses enfants.