Il est autodidacte, sans doute un brin obsessionnel et auteur d’une série baptisée « Quotidien » qui est une sorte d’album de famille d’un genre un peu particulier, projet qu’il poursuit depuis quatre bonnes décennies.
Jean-Claude Delalande suit un protocole quasi immuable qui répond aux critères suivants: photos en noir et blanc, composition élaborée, présence de l’auteur au regard systématiquement fixé sur l’objectif sans jamais sourire. A son épouse et son fils, invités récurrents, s’ajoutent à l’occasion amis et famille conviés pour immortaliser des moments ordinaires de la vie. A la piscine, en vacances, à Noël, dans la salle de bain, au déjeuner, dans le salon, à la plage, dans le jardin, au supermarché, autant de lieux et de moments prétextes à ces fictions familiales déraisonnables qui, si elles confinent parfois au burlesque, sont aussi empreintes de la tendresse d’un époux et père. C’est une sorte d’auto-voyeurisme glorifiant la banalité mais toujours traversé par une ironie bienvenue à la manière d’un Buster Keaton, les acrobaties en moins. Car notre chroniqueur ne recule pas devant les mises en scènes un peu loufoque où il n’apparait pas toujours sous son meilleur jour. La durée de l’élaboration de cette série est aussi marquée par le passage du temps, les parents prennent de l’âge et les stigmates qui l’accompagne, l’enfant grandit dans son irrésistible mutation vers l’âge adulte.
Jean-Claude Delalande a obtenu le prix Viviane Esders 2024 qui récompense l’oeuvre d’un ou d’une photographe européen.e professionnel.le de plus de soixante ans, indépendant.e et encore en activité, dont l’importance et la qualité de la carrière méritent d’être mieux révélées ou éclairées dans l’histoire de la photographie.
- Hassan Ragab
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