Le célèbre scénariste de Valérian et autres héros de BD est décédé le 2 octobre 2024 à Paris. A coté de sa magnifique carrière d’auteur, il fut un innovateur en créant la première école de journalisme de l’enseignement publique à Bordeaux devenu aujourd’hui l’IBJA
Je me souviens de ma première rencontre avec Pierre Christin. Il était, depuis un an seulement, directeur de l’IUT de journalisme de Bordeaux. La première promotion datait de la rentrée 1967. Avec Robert Escarpit, ils avaient recruté les étudiants « à l’arrache » dans la file des jeunes attendant pour s’inscrire à la faculté des lettres cours Pasteur.
En septembre 1968, je présentais ma candidature pour la seconde promotion de l’école (1968 – 1970). Je venais de terminer mes études secondaires au Lycée Beaussier de La Seyne sur mer. Après une lente dégringolade de « classique », en « moderne » je quittais le lycée avec un diplôme de l’enseingement technique : secrétaire sténo-dactylo ! Sans baccalauréat, mes études supérieures semblaient compromises. Mais, je savais ce que je voulais devenir : journaliste. Toutes les écoles de l’époque (CFJ, ESJ, Strasbourg) m’était fermées. Il y avait une dictée à l’examen… J’étais nul en orthographe. Inutile d’espérer.
Heureusement, les Institut Universitaire de Technologie (IUT) venait d’être créés ouvert au non bachelier ! J’arivais à l’IUT de journalisme sur le campus de Talence en n’ayant aucune confiance en moi, camouflée derrière un sectarisme politique très à la mode en cette rentrée 68. Je fus reçu par Marie-Christiane Courtioux-Icre qui travaillait à Europe n°1 et un prof d’histoire membre du PCF… Pour terminer, il fallait passer un entretien avec le directeur : Pierre Christin. Il fut bienveillant. Je fus accepté. Il manquait de candidats pour cette nouvelle promotion. L’IUT de journalisme de Bordeaux n’était alors connu que des enseignants qui y travaillaient !
Pierre Christin, avait du journalisme, une vision très particulière, fortement teinté de science-fiction et de journalisme à l’américaine. En outre, les faits-divers l’intéressaient, ce qui n’était pas commun à l’époque. Nous devions le vérifier l’année suivante quant à Cestas en Gironde, eut lieu la première prise d’otage médiatisée, le siège de la ferme Fourquet qui aboutit au meurtre des deux enfants et au suicide de celui qui fut qualifié de « forcené ». Pierre Christin invita André Pautard, grand reporter à France Soir pour diriger le travail pratique qui consistait à sortir « L’Imprimatur » le journal de l’école.
En dépit de son jeune age, Christin n’avait que la trentaine, son aura était déjà celle qui séduisit nombre de dessinateurs. Coté étudiants, il avait la cote avec son éternel sourire « vous n’allez pas me le faire ». Il était gonflé, faisant par exemple intervenir à l’école Gilbert Mury, ancien cadre du PCF reconverti dans le maoisme le plus sectaire. Sous son impulsion, un soir il fut décider de « bomber » la facade de l’Iut de journalisme… Le lendemain matin, Pierre Christin assistait, sur le pas de la porte, à l’arrivée des étudiants. Il me fit signe, m’entraina sur la pelouse et en regardant la façade maculé de slogans me dit : « Avec de pareilles fautes d’orthographe, c’est comme si tu avais signé ».
Je séchais souvent les cours et, j’agaçais les profs. Il n’était donc pas question que je redouble la seconde année d’étude. Christin me harcela pour que je termine le rapport de fin d’étude sur le service de l’ORTF qui s’occupait des émissions radio à destination de l’étranger et me trouve l’indispensable stage de sortie de l’IUT.
Je ne voulais pas travailler dans « la presse bourgeoise ». Je faisais ma chochotte : c’est Combat ou rien ! Christin souriait, un peu agacé, mais il alla trouver Philippe Tesson alors rédacteur en chef du quotidien dont le sous-titre était « de la Résistance à la Révolution ». Philippe Tesson acepta, et c’est ainsi que je débutais en journalisme. Merci Pierre Christin !
- Marius Bar
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