Au quotidien je couvre beaucoup l’actualité politique. Sarkozy et Villepin commence à s’affronter, cela prend le chemin du feuilleton mélo-dramatique. Les journalistes politiques s’empressent de se ruer sur ce nouvel épisode de la politique française. Ils ne cherchent que la petite phrase qui sera lâchée plus ou moins involontairement; notre travail nous photographe sera d’avoir une photographie qui l’illustrera
La politique prend une part importante de mon travail. Je suis passionné, je couvre bon nombre de déplacements, conférences, meetings, de tous les partis. En 2006 la bataille pour les candidatures au sein des partis politiques commence. Je couvre l’investissement de Ségolène Royal à Paris puis de Nicolas Sarkozy, ainsi que le lancement de la campagne de François Bayrou à Serres-Castet.
Mais 2006 est surtout marqué par le conflit contre le Contrat Première Embauche (CPE) proposé par le gouvernement de Villepin sous Chirac. Je couvre quotidiennement la lutte des lycéens et étudiants contre ce projet de loi. Les manifestations finissent systématiquement par l’ occupation de la Sorbonne ou des lycées parisiens puis régulièrement par des affrontements avec les forces de l’ordre. J’ai l’impression de vivre mai 68. Moi qui suis nostalgique de cette époque, qui édite mes photographies avec les Doors et les Who à plein volume, je me sens dans mon élément.
Le rythme est épuisant, les démonstrations du jour précèdent les occupations de la nuit et les expulsion du petit matin. C’est aussi à ce moment là que se constitue la nouvelle génération de photographes: tous pigistes, jeunes, ultra motivés. C’est durant ces manifestations que je rencontre les confrères de ma génération parisienne: Thibault Camus, Yoan Valat, Lucas Dolega, et Rémi Ochlik... Confrères vites devenus amis et qui prendront la relève des ainés dans les agences. On finit la journée une bière partagée, on se soutient sur le terrain, quand cela dégénère trop, ou que certains sont pris à parti. On apprend la solidarité, la compétition est cordiale, et de vraies amitiés se créent.
Je diffuse toujours chez Wostok Press mais au bout d’un an de travail quasi-quotidien, je n’ai touché que… 500 euros! Dur à encaisser mais j’y crois plus que tout. Ma première déconvenue avec les agences commence lorsque véritablement à sec, j’exige de Slavie qu’elle me montre les relevés de vente… et découvre qu’elle me doit près de 4500 euros qu’elle aurait du me payer ! Une fortune. Entre temps je rencontre un photographe qui me parle du collectif Fédéphoto (qui deviendra plus tard Divergence images). Un regroupement de photographes qui mutualisent un outil de diffusion en ligne auprès de la presse: pas d’intermédiaire, par de pourcentage (chez Wostok je ne touche que 30% du prix de vente). On reste maitre de ses archives, de ses ventes. Bref la liberté.
Au cours de l’année je quitterai Wostok Press pour rejoindre cette association. Le tête à tête avec Slavie, lors de l’annonce de mon départ, se passera mal, elle me crie dessus, m’insulte. L’alcool n’aidant pas, chaque photographe qui la quitte est un déchirement et une trahison pour elle. Elle, qui nous cuisinait un repas le midi entre deux sujets et qui restait ouverte jusqu’à plus de minuit quand le reportage finissait tard ou que l’éditing prenait du temps, n’a pas su nous retenir.
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Les tirages des images présentées sont en vente en Fine Art, signé, en format 20×30 cm, au tarif de 180 euros au profit de mon chauffeur et ami haïtien Wood. Pour cela contacter : fohlencorentin@gmail.com
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