Après vingt ans de Paris Match, Caroline Fontaine a mis en image le Dictionnaire amoureux du journalisme de Serge July publié chez Plon. D’un scoop de Gil Delamare de l’agence Dalmas à celui d’Inès Léraud sur les algues vertes bretonnes… Une dizaine de faits d’armes de la profession sous l’œil de la caméra. A voir en replay.
Dans cette première adaptation télévisuelle de la collection littéraire à succès publiée chez Plon, la journaliste Caroline Fontaine a réalisé un tableau flatteur de la profession.
Une heure et demie de hauts faits professionnels racontés façon : « on y était ! », sans beaucoup de distance. Ça se regarde avec plaisir, mais laisse un arrière-gout de déjà vu, déjà entendu. Vous allez me dire : « c’est normal pour L’œil de l’info ». Certes, mais je crains que le fameux grand-public n’ait eu mercredi 20 novembre la même réaction sur son canap’ devant sa téloche. Le public n’aime plus les journalistes disent les sondages, mais n’est ce pas plutôt la Presse, tous supports confondus, qui déçoit le public ?
Mis à part l’exploit oublié du cascadeur Gil Delamare qui ne fut jamais journaliste, mais sauta pour l’agence Dalmas en 1961 en parachute sur le Santa Maria, un navire mutiné contre la dictature de Salazar, beaucoup d’anecdotes sont encore dans la mémoire collective. Elles ont donné lieu à moulte récits, souvent enjolivés au grès de l’égrenage des années.
Michel Peyrard, autre ancien de Paris Match, témoigne de l’« addiction » aux terrains de guerre et de la disparition du cameraman Miguel Gil Moreno, en 2000, au Sierra Leone. « Fuck the pool », la Tchétchénie, les emplois fictifs de la Mairie de Paris, la création de « Libé » …
Tiens justement, la création de Libération, parlons-en puisque l’ouvrage adapté a été écrit par Serge July. Voilà bien un homme qui devrait savoir de quoi il parle ! Il est avec Pierre Lazareff, Roger Theron, Maurice Siegel, Edwy Plenel, un des grands rédacteurs-en-chef de la seconde moitié du XXème siècle mais non, il dit que Sartre est le fondateur de « Libé » avec lui. Pourtant sur la photo de Gérard-Aimé la conférence de presse annonçant la parution de Libération, l’homme au centre, c’est Jean-Claude Vernier à qui l’on doit avec Jean-René Huleu l’idée et la mise en oeuvre du quotidien.
Un des nombreux problèmes du journalisme d’aujourd’hui se niche dans cette anecdotique anecdote. Le journalisme oublie trop souvent les faits au profit de l’histoire, la bonne, pas celle avec une majuscule. Libé a été fondé par July et Sartre, comme Gamma l’a été par Depardon et Caron. Bien sur, ce n’est pas faux, mais ce n’est pas totalement la vérité des faits !
Aujourd’hui, ou le public s’informe de moins en moins par la lecture d’enquêtes, de reportages dans la Presse écrite ; mais de plus en plus via des images fixes ou animées, trop souvent fabriquées par des « intelligences artificielles » maniées par les apprentis sorciers, le respect des faits est primordial, vital pour la profession. Comment combattre les fausses nouvelles, si l’on n’oublie le vielle adage : les faits, rien que les faits !
L’amour rend aveugle, dit-on, ce Dictionnaire amoureux du journalisme, l’est un peu trop ! Il présente la profession comme une midinette parlerait de son amoureux. Il est beau. Il est grand. Il est fort ; sauf que le beau mâle oublie de faire la vaisselle, la lessive et de torcher les gosses.
C’est pour quand le coming out à la télé des ratages, des omerta et des compromissions du journalisme ?
« Dictionnaire amoureux du Journalisme »
Réalisation : Caroline Fontaine – Production : Theofabrica Production
Diffusion : France Télévisions
Replay disponible jusqu’au 25/05/2025
- Marius Bar
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