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Mercredi 19 février 2025, Edouard Elias a témoigné au procès du tortionnaire Mehdi Nemmouche qu’il a reconnu formellement comme étant un des geôliers les plus sadique parmi les tueurs de « l’état islamique ».
« Je vais vous raconter mes onze mois de détention. J’étais le plus jeune des otages, j’avais 22 ans. Je suis orphelin de père et de mère… Si je fais de la photo, c’est pour me rappeler des personnes qui vont mourir. C’est ce qui m’intéresse, la mémoire, ce qui reste. »
L’authenticité, la mesure avec lequel il s’est exprimé, sans rien cacher de l’horreur à laquelle il a été confronté ont frappé l’assistance et les journalistes chargés de couvrir le procès.
Pendant ses 10 mois de captivité, Édouard Elias a subi des tortures brutales, des simulacres d’exécution, et une privation de nourriture et d’eau. Il a décrit des conditions inhumaines, notamment les coups incessants, les cris de mort, et les séances de torture. Malgré cela, il a réussi à développer une solidarité avec les autres otages en particulier son compagnon Didier François. Il a raconté comment il se sont soutenu mutuellement dans cette terrible épreuve.
J’ai eu la chance de faire connaissance avec Edouard Elias à Visa pour l’image en septembre 2012. Depuis deux jours, le festival bruissait d’une rumeur : un jeune photographe revenait de Syrie avec des « plaques ». Je le cherchais, et le hasard à voulu qu’il me prenne en stop dans sa Peugeot 106 rouge ! J’ai tout de suite été frappé par la simplicité, l’honnêteté, la droiture de celui qui n’était encore qu’un talentueux étudiant en photographie.
Nous nous sommes revus plusieurs fois et vous pouvez écouter plusieurs podcasts que L’œil de l’info lui a consacré. La mobilisation autour des otages Nicolas Hénin, Pierre Tores, Didier François et Edouard Elias a été exemplaire. Leur libération, une grande joie.
Mais quand j’ai revu Edouard quelques mois plus tard, la première chose qu’il m’a dite, fut de me remercier de ne pas l’avoir appelé au téléphone à ce moment-là. Edouard est comme cela : talentueux mais modeste et discret. Il a réservé son témoignage à la justice, et c’est ce qui lui donne un énorme poids.
Il ne voulait pas surfer sur ce qu’il appelait « un accident de travail » !
Merci Monsieur Elias.
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