« Ne tuez pas » Reni, à l’ouest de l’oblast d’Odessa, dans la vallée du Danube, août 2022. Ce panneau illustré d’une jeune femme reprend une des formules des dix commandements, le « Tu ne tueras pas » du sixième commandement. La jeune femme a des épis de blé dans les cheveux. Reni est alors la principale porte de sortie, par la route vers la Roumanie, les exportations de céréales ukrainiennes étant alors entravées par le blocus de la mer Noire. Un million de tonnes transiteront en août via ces camions, parqués par centaines dans un champ tout autour de ce panneau. Le temps d’attente est alors particulièrement long, trois jours en moyenne, car la fille de camions s’étend sur près de 35 kilomètres. © Thierry Birrer

La guerre se joue d’abord entre soldats, mais aussi virtuellement sur les réseaux sociaux de même qu’au bord des routes. Dès les premiers jours du conflit en Ukraine, aux quatre coins du pays, des dizaines de panneaux trois mètres par quatre ont d’abord appelé à ne pas quitter le pays et à résister. Puis au fil des semaines, les déroutes de l’adversaire, l’appel à participer à l’effort de guerre, la valorisation de l’armée et également des sauveteurs ou de la police ont été autant de messages affichés en grand sur les bas-côtés, sur les abribus et les écrans lumineux des villes. En apparaissant de la sorte, ces messages recherchent une visibilité et un impact maximum auprès de la population ukrainienne. Occuper le bord des routes est alors aussi stratégique que tenir face à l’envahisseur.

Photoreporter depuis quatre décennies, Thierry Birrer s’intéresse depuis longtemps au sujet de l’éducation. Comment va-t-on à l’école quand on est en migration, quand on est dans un camp de réfugiés, que l’on habite au cœur de la savane ou que l’école est détruite du fait de la guerre ? C’est ce qui l’a conduit en Ukraine dès les premiers jours de l’invasion à grande échelle par la Russie et le Bélarus. Avec un parti pris à l’opposé des 2000 autres médias qui sont entrés en dans le pays en mars 2022, il y est allé seul avec sa voiture personnelle. Une démarche osée mais qui lui a permis de se rendre dans tout le pays et de voir ainsi ce qu’un déplacement en train ne permettait pas de voir: la communication visuelle le long des routes. Le photographe a vite compris qu’il tenait un sujet intéressant. D’autant plus intéressant qu’il n’a cessé au cours de nombreux autres voyages en Ukraine, le dernier datant de janvier 2025, de sillonner les routes ukrainiennes pour documenter ces panneaux avec l’idée d’en faire un livre.

 

Thierry Birrer
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