
La galerie Polka, dans le droit fil d’une politique d’exposition faisant une large place à la photographie contemporaine, rend hommage à deux photographes parmi les plus reconnus dans la famille du photojournalisme : Alain Keler et Pascal Maître. Complices de longue date, se croisant lors de différents reportages à travers le monde, ces deux auteurs ont toujours témoigné d’un profond respect l’un vers l’autre et devant leurs photos respectives qui sont exposées à l’occasion en vis à vis.
Adélie de Ipanema, la directrice de la galerie Polka, se réjouit d’avoir pu ainsi ne jamais oublier « l’essence même de notre activité très attachée à la photo de presse » et souligne qu’« après la magistrale exposition de Sebastião Salgado, nous poursuivons par un parcours tout en couleur de Pascal Maître et en noir et blanc d’Alain Keler. » « C’est formidable d’avoir l’opportunité de voir en face à face quarante de nos photos qui représentent nos deux carrières » reconnait Pascal, Alain ajoutant « C’est une première dans tous les sens du terme . C’était une véritable opportunité, cela n’a jamais été ma démarche d’aller dans les galeries. Toutes les photos qui sont ici, ont été publiées ».
Chaque photo exposée a son histoire, comme celle du Commandant Massoud devant un paysage de montagnes en Afghanistan réalisée par Pascal, devenue iconique, celle d’un homme scrutant l’horizon, comme une prémonition de ce qu’allait subir son pays et surtout ses habitantes. Cette image sera publiée à de nombreuses reprises et fera l’affiche du festival Visa pour l’Image de Perpignan en 2002. Les anecdotes sont nombreuses, de l’Amérique latine pour Alain jusqu’à l’Afrique, terre de prédilection de Pascal. Alain évoque aussi la Révolution des Œillets au Portugal en1974, durant laquelle il échappa à un lynchage à Braga et se fit voler son appareil photo, qu’il se fera ensuite rembourser par l’ambassade portugaise à Paris. Bien lui en pris, car c’est avec le même type de boîtier, qu’il réalisera plus tard, en Tchétchénie, la fameuse photo d’un membre de l’armée d’occupation russe jouant du piano devant ses camarades.
Pascal saisit l’occasion pour rappeler combien le métier a évolué et regrette « qu’aujourd’hui les photographes n’ont pas de retour sur la qualité de leur travail. Comme à l’époque des grandes agences, Sipa , Gamma et Sygma », Alain citant l’extrême professionnalisme du directeur de Sygma Hubert Henrotte qui lui laissait toujours beaucoup de temps pour aller jusqu’au bout de ses projets de reportages. Les deux compères sont en phase pour avouer « que tu vends d’abord des idées et ensuite les photos qui attestent de leurs réussites et intérêts ». Alain espère que dans le cadre de l’exposition, rencontres et débats seront fréquents avec un public toujours dans l’attente d’une histoire et Pascal d’ajouter: « Il y a deux médias que je trouve très proches : la photo et la radio, car ils enrichissent autant l’un que l’autre notre imaginaire pour notre plus grand bonheur».
Exposition
« Alain Keler & Pascal Maitre, journal de Photographe(s) »
galerie Polka Paris jusqu’au 17 mai 2025
- Alain Keler & Pascal Maitre
Journal de photographe(s) - 28 mars 2025 - Véronique de Viguerie
Syrie, entre bonheurs et craintes - 14 février 2025 - Gérard Uféras
De l’étoffe des rêves à celle des grands de la photographie - 31 janvier 2025
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