L’ancienne ville impériale de Hue,après le bombardement de mai 1968. © Fonds Marc Riboud/Musée Guimet

À l’occasion des 50 ans de la fin de la guerre du Vietnam, l’association Les Amis de Marc Riboud et le Musée Guimet dépositaire du fonds du photographe, s’associent pour présenter les photographies et documents d’archives retraçant le travail du photographe au Vietnam entre 1966 et 1976.

Très touché par la guerre au Vietnam, engagé politiquement sans être encarté à aucun parti, Marc Riboud pensait qu’il avait un rôle à jouer en tant que photographe.

Dès les années 1950, il s’était déjà intéressé à l’Asie en pleine transformation. L’exposition déroule un fil chronologique avec en introduction un premier reportage réalisé fin 66 sur un porte-avion américain suivi de la grande manifestation contre la guerre qui a eu lieu à Washington le 1er octobre 1967 où il fera une de ses plus célèbres photos, celle de la jeune manifestante tenant un fleur devant les baïonnettes des soldats de la garde nationale en face d’elle. La planche contact exposée montre que c’est la dernière image de la dernière pellicule qui sera la bonne.

C’est en 1968 qu’il se rend au Vietnam du Nord, alors en pleine guerre contre les États-Unis. Il est alors l’un des rares photojournalistes occidentaux à avoir accès à Hanoï et aux territoires sous contrôle nord vietnamien. Son regard ne se focalise pas uniquement sur les destructions et les combats, mais aussi sur la vie quotidienne des habitants qui tentent de survivre au milieu du chaos. Ses images montrent les civils se cachant dans des abris souterrains, des enfants jouant près des ruines et des soldats vietnamiens préparant la défense de leur pays. Il capte l’endurance d’un peuple déterminé à résister à l’envahisseur et à préserver son identité. Quelques mois plus tard il sera à Hué après la reprise de la ville par l’armée américaine où il documente les destructions et la détresse des habitants. Il sera ensuite un des très rares photographes occidentaux à entrer au Nord Vietnam.Les images qu’il fait lors de sa rencontre avec Ho Chi Min seront publiées dans le monde entier. Il se rendra près d’une dizaine de fois dans le pays entre 1966 et 1976, s’arrêtant dans les villes bombardée, mais se rendant aussi sur les routes, dans les rizières comme dans les usines, dans les camps de réfugiés et de rééducation. Il y réalise de longs reportages, rendant hommage au courage d’un peuple qui se bat avec des moyens misérables contre la plus grande puissance du monde.

À travers ses reportages, qui documentent le Vietnam sur une décennie, ressort son regard singulier qui s’attache aux lieux et aux personnes qu’il rencontre. Lui qui n’a jamais été photographe de guerre ne montre pas les combats mais la vie qui continue dans les ruines, les corps qui tentent de se reposer dans les refuges de fortune, les amoureux qui se retrouvent près des abris anti-bombes, la vivacité des enfants, la vie bouleversée, blessée, mais une vie qui continue, tenace, envers et contre tout.

Après la fin de la guerre en 1975, Marc Riboud revient au Vietnam pour témoigner de la reconstruction du pays s’intéressant aux efforts du peuple vietnamien pour rebâtir son pays et se reconstruire après des décennies de conflits. Ses photographies d’après-guerre révèlent une société en transition, entre cicatrices du passé et espoirs pour l’avenir. Il s’agit d’un témoignage humaniste sur la condition humaine, la souffrance et la résilience. Ces images, empreintes d’émotion, continuent de nous éclairer sur l’absurdité des conflits armés et rappellent que la photographie, au-delà de son aspect documentaire, peut être un outil puissant de sensibilisation et de transmission de l’Histoire.

Exposition

« Marc Riboud, Vietnam 1966-1976 »

Musée Guimet, Paris. Jusqu’au 12 mai 2025

 

 

Gilles Courtinat
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