Mardi 31 janvier 2012, Mediapart organisait, à 20 heures, au Théâtre National de Chaillot, un débat sur 50 ans de mémoires françaises d’Algérie et de mémoires algériennes de France. Quel programme !
Le journal avait réuni quatre personnalités représentatives de différents travaux sur la mémoire concernant la guerre qui a conduit l’Algérie à l’indépendance le 5 juillet 1962. Je ne vais pas vous faire un compte-rendu de ce débat, car j’étais là pour faire quelques photographies que je vous offre, et faire connaissance avec Fatima Besnaci-Lancou, écrivain, qui a dirigé le numéro de la revue Les Temps Modernes « Les harkis / 1962 – 2012 / Les mythes et les faits ». Je vais de nouveau l’écouter samedi 4 février 2012 au colloque organisé par la LICRA à la Maison du Barreau sous le titre « La tragédie des harkis : crime contre l’humanité ? ».
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Mes lecteurs habituels vont sûrement se demander quel est le rapport avec le photojournalisme, sujet principal de ce blog. Il est simple : mon père a fait un reportage sur le « camp forestier » de La Londe-les-Maures (Var) et il est question d’exposer ses photographies. Donc, je me renseigne sur « la question harkis ».
Je ne suis ni fils de harkis, ni magrébin, ni même fils d’appelé en Algérie, et pourtant ce débat m’a profondément touché. Mis a part le témoignage de Fatima Besnaci-Lancou, ceux de Mehdi Lallaoui, écrivain et réalisateur, président de l’Association « Au nom de la mémoire » et de Benjamin Stora, historien bien connu et ami de Mediapart, auteur de nombreux ouvrages sur l’Algérie dont, notamment, « La guerre de l’ombre : RG contre FLN » aux Editions Jacob Duvernet », m’ont appris beaucoup de choses sur ces sujets que je connais mal.
La salle, par contre, bien remplie, semblait au fait des moindres détails de cette guerre horrible qui a fait 30 000 morts côté français et 400 000 côté algérien, sur une population de 9 millions d’habitants ! Sans parler des dégâts psychologiques subis par les populations magrébines et le traumatisme dont furent victimes les « pieds-noirs », je veux parler de la masse des « petits blancs » et pas des dizaines de riches colons qui avaient fui et mis à l’abri leur pognon, bien avant « les évènements » .
Le débat fut digne, même si quelques matamores ont dérapé, tel Maître Rappoport « On peut toujours dire non ! ». Cela me rappelle d’autres propos « Moi je ne parlerai pas sous la torture ! » ou « Moi, j’aurais été résistant »…. On s’étonna aussi dans une colère contenue «Vous ne dites rien sur les atrocités des harkis ». « Si j’ai des regrets, ce sont pour tous les morts de tous les camps » devait répondre Famima Besnaci-Lancou.
Mais le témoignage qui m’a le plus touché est celui de Florence Dosse, auteur de « Les héritiers du silence – Enfants d’appelés en Algérie » Editions Stock. Certains lui ont contesté ce titre « d’enfants d’appelés »… Comme si le fait d’avoir un père à la guerre ne fut pas un évènement marquant dans la vie d’un enfant.
Le témoignage de Florence Dosse est important car il élargit le débat.
Jusqu’ici, et depuis cinquante ans, la guerre d’indépendance algérienne est l’objet de querelles – voire de combats – entre les différentes communautés impliquées de près : « pieds-noirs » et/ou tenants de l’Algérie française, voire de l’OAS, militants FLN et combattants des harkis… Les protagonistes meurent les uns après les autres, mais les querelles continuent trop souvent avec leurs enfants.
Florence Dosse, en parlant des « enfants d’appelés » fait entrer dans le jeu les « français de France », elle nous fait pénétrer dans les cuisines, les salles à manger, les chambres de ces soldats du contingent appelés à « servir sous le drapeau » pendant de longs mois et en revenant très souvent, muets, accablés par les horreurs commises par eux-mêmes ou par leurs copains.
Tout à coup la guerre d’Algérie n’est plus l’affaire des combattants et des victimes, mais celle de tous ! Celle des français et des algériens des deux rives de la Méditerranée.
La mienne aussi, moi qui ne suis fils d’aucun impliqué particulier, juste un baby boomer c’est-à-dire, déjà un enfant marqué par les deux guerres mondiales (grand-père en 14-18, parents adolescents en 39-45), mais aussi un enfant de la guerre d’Indochine et de celle d’Algérie !
En ce sens, le débat de Mediapart, hier soir au Théâtre de Chaillot, était comme un premier jalon dans cette année de cinquantenaire pour que le nombre des concernés par cette guerre ne se limite pas à ceux qui y furent directement impliqués mais s’ouvre à tous.
Mais j’arrête là ce premier billet sur le sujet algérien car je vais avoir l’occasion d’y revenir très rapidement pour vous parler d’un livre, d’un témoignage qui me bouleverse – comme il a bouleversé Edwy Plenel – à savoir la publication de la correspondance de Caron Gilles, parachutiste appelé en Algérie. («J’ai voulu voir, lettres d’Algérie » Editions Calmann Lévy 2012).
Caron… Vous savez Gilles Caron, le mythique photographe de l’agence Gamma ! Sans attendre mon billet, courez l’acheter !
Michel PuechDernière révision le 3 mars 2024 à 7:24 pm GMT+0100 par Michel Puech
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j’ai l’honneur de venir très respectueusement pour vous écrire ce message, pour réclamer ma nationalité française ; je réclame une loi qui peut me faire bénéficier de ma nationalité française car je suis Française dès la naissance. Je suis une fille de harkis, je suis née en Algérie française en 1961 au moment de la guerre d’Algérie et au moment où mon père s’est engagé volontaire dans l’armée française pour l’Algérie française.
J’ai envoyé une demande de nationalité française au consulat de France à Alger…mais ma demande est restée sans suite. Je n’ai rien reçu du consulat de France à Alger. J’ai trop souffert dans ma vie ; aujourd’hui j’ai 50 ans, j’habite en Algérie et ma vie est tellement dure que je suis devenue aujourd’hui une handicapée.
Tout a commencé quand je suis entrée à l’école en Algérie ; tout le monde me traitait de « fille de harkis » et j’en ai été perturbée dans mes études que j’ai dû quitter à 10 ans. Je me suis renfermé sur moi-même, à la maison. J’ai peur des gens et des mots « fille de harkis ». A cet âge de 6 ans, je ne connaissais pas ce que voulais dire « fille de harkis » et ça m’a fait peur.
Je suis restée à la maison jusqu’à l’âge de 18 ans et je me suis marié avec un mauvais homme, un alcoolique, parce qu’il n’y a personne pour se marier avec une fille de harkis, c’est considéré comme une honte pour les gens. Je n’ai pas la possibilité de choisir en tant que « fille de harkis ». A cet âge, je ne connaissais rien de la vie, j’étais trop complexée et refermée sur moi-même.
Après mon mariage a l’âge de 18 ans a commencé une autre souffrance avec mon mari et avec l’alcool ; il me frappe toujours et même lui me dis que je suis une « fille de harkis ». J’ai 7 enfants avec lui, 3 majeurs et 4 mineurs. La vie avec ce mari est noire. Il m’a rendu handicapée tellement il me frappe toujours. Mais j’ai réussi à fonder une famille avec lui et à avoir des enfants. Mais même à mes enfants, je n’ai pas pu leur donner tout l’amour dont ils ont besoin.
Ma vie a été très dure depuis le début et à ce jour je souffre, je ne connais rien de la vie car j’ai quitté l’école a l’âge de 10 ans. Je vous écris ce message grâce a mon fils ; il a 28 ans, un bon niveau d’étude et il connait bien le français. Parce que moi je ne sais plus ce qui se passe dans la vie mais c’est grâce à mon fils que je comprends beaucoup de choses.
J’ai attendu l’âge de 50 ans pour réclamer ma nationalité française. C’est par mon fils que je vous écris mon histoire en tant que fille de harkis, une fille qui est née Française d’un père engagé volontaire dans l’armée française pour l’Algérie française. Je me demande, si l’Algérie était restée française est-ce que je serais devenue une étrangère ? Je me demande pourquoi mon père devint étranger a l’indépendance de l’Algérie, lui qui a sacrifié sa vie ainsi que la vie de sa famille pour l’Algérie française ?
Je me demande pourquoi la France a mis mon père a la même place que les Algériens qui ont combattu pour l’indépendance de l’Algérie ? Je me demande pourquoi la France n’a pas fait la différence entre ses ennemis et ceux qui ont sacrifié leur vie pour la France ? Je ne sais pas comment un enfant étranger mais qui est né en France devient français même si ses parents sont les ennemis de la France ? Et moi, je suis née en 1961 en Algérie française, d’un père soldat dans l’armé française, engagé volontaire dans l’armé française au moment de la guerre d’Algérie. Je suis née et ma vie a été en danger pour la France, d’un père qui a sacrifié sa vie et la vie de sa famille pour la France et pour les valeurs de la République française, et pour vivre ensemble et pour son identité française.
· Je vous écrit ce message pour réclamer une loi pour avoir ma nationalité française qui a été retirée à l’indépendance de l’Algérie j’ai perdu la nationalité française dans mon enfance et mon père c’est engagé volontaire dans l’armée française pendant la guerre d’Algérie pour l’Algérie française et contre l’indépendance de l’Algérie merci
C’EST POUR L’HONNEUR DE LA FRANCE QUE J’AI SOUFFERT TOUTE MA VIE EN ALGERIE
A ce jour je souffre en tant que fille de harkis
Fille d’un homme qui a défendu la France au moment de la guerre
Fille d’un homme qui a défendu l’honneur de la France au moment de guerre
A l’honneur de la France que mon père a défendue
A l’honneur de la France que j’ai souffert pendant 49 ans rendez- moi mes droits
Arrêté de m’envoyer des messages comme quoi j’ai aucun droit
J’ai souffert dans ma vie pour l’honneur de la France
Mon père a sacrifié sa vie, ainsi que la vie de sa famille pour la France lorsque la France avait besoin de lui au moment de la guerre
Aujourd’hui on a besoin de la France au moment de paix
Fille de harkis abandonnée en Algérie
27 décembre 2011 19h04
fille de harkis abandonné en algerie a dit :
J’ai l’honneur de venir très respectueusement pour vous écrire ce message, pour réclamer ma nationalité française ; je réclame une loi qui peut me faire bénéficier de ma nationalité française car je suis Française dès la naissance. Je suis une fille de harkis, je suis née en Algérie française en 1961 au moment de la guerre d’Algérie et au moment où mon père s’est engagé volontaire dans l’armée française pour l’Algérie française.
J’ai envoyé une demande de nationalité française au consulat de France à Alger…mais ma demande est restée sans suite. Je n’ai rien reçu du consulat de France à Alger. J’ai trop souffert dans ma vie ; aujourd’hui j’ai 49 ans, j’habite en Algérie et ma vie est tellement dure que je suis devenue aujourd’hui une handicapée.
Tout a commencé quand je suis entrée à l’école en Algérie ; tout le monde me traitait de « fille de harkis » et j’en ai été perturbée dans mes études que j’ai dû quitter à 10 ans. Je me suis renfermé sur moi-même, à la maison. J’ai peur des gens et des mots « fille de harkis ». A cet âge de 6 ans, je ne connaissais pas ce que voulais dire « fille de harkis » et ça m’a fait peur.
Je suis restée à la maison jusqu’à l’âge de 18 ans et je me suis marié avec un mauvais homme, un alcoolique, parce qu’il n’y a personne pour se marier avec une fille de harkis, c’est considéré comme une honte pour les gens. Je n’ai pas la possibilité de choisir en tant que « fille de harkis ». A cet âge, je ne connaissais rien de la vie, j’étais trop complexée et refermée sur moi-même.
Après mon mariage a l’âge de 18 ans a commencé une autre souffrance avec mon mari et avec l’alcool ; il me frappe toujours et même lui me dis que je suis une « fille de harkis ». J’ai 7 enfants avec lui, 3 majeurs et 4 mineurs. La vie avec ce mari est noire. Il m’a rendu handicapée tellement il me frappe toujours. Mais j’ai réussi à fonder une famille avec lui et à avoir des enfants. Mais même à mes enfants, je n’ai pas pu leur donner tout l’amour dont ils ont besoin.
Ma vie a été très dure depuis le début et à ce jour je souffre, je ne connais rien de la vie car j’ai quitté l’école a l’âge de 10 ans. Je vous écris ce message grâce a mon fils ; il a 28 ans, un bon niveau d’étude et il connait bien le français. Parce que moi je ne sais plus ce qui se passe dans la vie mais c’est grâce à mon fils que je comprends beaucoup de choses.
J’ai attendu l’âge de 49 ans pour réclamer ma nationalité française. C’est par mon fils que je vous écris mon histoire en tant que fille de harkis, une fille qui est née Française d’un père engagé volontaire dans l’armée française pour l’Algérie française. Je me demande, si l’Algérie était restée française est-ce que je serais devenue une étrangère ? Je me demande pourquoi mon père devint étranger a l’indépendance de l’Algérie, lui qui a sacrifié sa vie ainsi que la vie de sa famille pour l’Algérie française ?
Je me demande pourquoi la France a mis mon père a la même place que les Algériens qui ont combattu pour l’indépendance de l’Algérie ? Je me demande pourquoi la France n’a pas fait la différence entre ses ennemis et ceux qui ont sacrifié leur vie pour la France ? Je ne sais pas comment un enfant étranger mais qui est né en France devient français même si ses parents sont les ennemis de la France ? Et moi, je suis née en 1961 en Algérie française, d’un père soldat dans l’armé française, engagé volontaire dans l’armé française au moment de la guerre d’Algérie. Je suis née et ma vie a été en danger pour la France, d’un père qui a sacrifié sa vie et la vie de sa famille pour la France et pour les valeurs de la République française, et pour vivre ensemble et pour son identité française.
· Je vous écrit ce message pour réclamer une loi pour avoir ma nationalité française qui a été retirée à l’indépendance de l’Algérie j’ai perdu la nationalité française dans mon enfance et mon père c’est engagé volontaire dans l’armée française pendant la guerre d’Algérie pour l’Algérie française et contre l’indépendance de l’Algérie merci
C’EST POUR L’HONNEUR DE LA FRANCE QUE J’AI SOUFFERT TOUTE MA VIE EN ALGERIE
A ce jour je souffre en tant que fille de harkis
Fille d’un homme qui a défendu la France au moment de la guerre
Fille d’un homme qui a défendu l’honneur de la France au moment de guerre
A l’honneur de la France que mon père a défendue
A l’honneur de la France que j’ai souffert pendant 49 ans rendez- moi mes droits
Arrêté de m’envoyer des messages comme quoi j’ai aucun droit
J’ai souffert dans ma vie pour l’honneur de la France
Mon père a sacrifié sa vie, ainsi que la vie de sa famille pour la France lorsque la France avait besoin de lui au moment de la guerre
Aujourd’hui on a besoin de la France au moment de paix
fille de harkis abandonné