Mardi 7 mars 2012, en fin d’après midi, au théâtre Claude Lévi-Strauss du Musée des arts premiers, quai Branly à Paris, un hommage très émouvant a été rendu par ses confrères reporters (photo, texte, vidéo) et par l’ensemble de la profession à Rémi Ochlik.
Le matin, 11 heures, au cimetière de Levallois-Perret, il faisait froid comme d’habitude dans ces endroits. Peu à peu, ils sont arrivés en moto, en métro : les amis, les potes, les copains et les copines puis la famille.
Deux cents peut-être. La foule des reporters et des passionnés de l’info. Ceux des grandes rigolades avec Rémi, et les autres qui le connaissaient peu mais ont été touchés par ses images, par son regard et ses yeux, et son sourire.
Mais ce mardi matin, c’était glacial. Tout à coup nous nous sommes retrouvés devant la triste réalité. Rémi qui était encore jusque là, un corps, un homme, n’était plus qu’une urne funéraire en métal devant laquelle nous avons déposé une rose. Nous étions tous tétanisés.
A 17 heures, le soir au Musée des arts premiers, l’auditorium était pratiquement plein. Les mêmes, plus du « beau linge » : Frédéric Mitterrand le Ministre de la Culture et de la Communication, Daniel Baroy, le délégué du ministère à la photographie et bien d’autres que je n’ai pas reconnus.
« On ne s’y fait jamais. »
Il y avait aussi, évidemment, la maman de Rémi. Digne. Droite dans la douleur qui a fait lire un texte.
Jean-François Leroy, le directeur du festival de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’image, a rappelé que Mark Grosset, alors directeur de l’école Icart Photo, lui avait recommandé Rémi Ochlik. Je m’en souviens, Mark Grosset, mon ami, avait voulu m’entraîner à Perpignan cette année là.
Jean-François Leroy en maître de cérémonie, a appelé sur scène Olivier Royant, directeur de Paris Match, Frédéric Mitterrand, puis beaucoup de reporters, amis ou connaissances du jeune photographe, patron-fondateur de l’agence IP3 Press.
Les témoignages étaient entrecoupés de projections vidéo et de photos retraçant la vie, la trop brève vie de Rémi Ochlik.
Tous ces reporters montaient sur scène en chancelant et reniflant. Tous ont l’habitude des fronts, des guerres, des blessés, des morts… Mais comme ils disent tous « On ne s’y fait jamais. » Alors, ils ont dit le talent de Rémi Ochlik, la force de ses images bien sûr : mais surtout, ils ont tous dit son grand cœur, sa joie de vivre, son bonheur « avec Blachère » sa compagne.
« Il voulait être un grand photographe. Il l’était déjà. »
Après que Michiel Munneke, directeur du World Press Photo, venu d’Amsterdam, eut remis à Emilie Blachère, la compagne du reporter, le certificat de son prix dans la catégorie « General news » attribué par le jury juste avant son départ en Syrie, c’est elle qui a parlé…
Emilie Blachère, journaliste à Paris Match, amoureuse de Rémi Ochlik, pigiste à Paris Match, c’était une belle histoire… Son texte nous a tirés sans peine des larmes. Leur émouvante histoire devait faire un beau mariage, et de beaux futurs petits reporters peut-être. Quoi que.
Mais l’armée syrienne (l’officielle) en a décidé autrement. William Daniels, qui avec Edith Bouvier et Paul Conroy, a survécu aux tirs qui ont tué Marie Colvin et Rémi Ochlik a dit « Il voulait être un grand photographe. Il l’était déjà. »
Michel Puech
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