Libération n’en finit plus de fêter ses cinquante ans ! Lionel Charrier, chef du service photo du quotidien peut être content de lui. D’abord, un gros livre aux Editions Seuil, puis cet été une exposition à l’abbaye de Montmajour dans le cadre de la foire à la photo d’art des Rencontres d’Arles, enfin une exposition à la Galerie Vu, et bouquet final, une grandiose exposition dans le palais des Archives Nationales !
Les vieux ex-gauchistes des années 70’ n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles ! Jadis poursuivi par la Police, par la Justice, « bête noire » des politiciens de droite comme de gauche, le journal fondé par une bande de rebelles couvés par quelques intellos dont « Jean-Sol Patre » et sa moitié, n’a qu’un lointain rapport avec le quotidien d’aujourd’hui. Alors, les Archives Nationales…. Quelle rigolade quand on pense qu’« À Europe 1, en 1973, il y a un seul journaliste qui lit Libération » !
Évidemment, tout le monde est content, les jeunes qui y collaborent aujourd’hui, les plus « anciens » des années 80, adoubés par Christian Caujolle, et les « vieux anciens » de l’Agence de Presse Libération et de Fotolib. 48 photographies de 2 mètres de larges sont exposées ainsi que 8 gigantesques Unes sur des bâches de plus de 4 mètres de haut !
500 000 épreuves aux Archives !
« 24 palettes, 472 cartons, 400 mètres linéaires… Ou comment se faire une idée de ce que représentent les archives photos de Libération, jusqu’ici conservées dans un entrepôt anonyme de banlieue parisienne. Dans une des caisses, choisie au hasard, cinq boîtes : « manifestions féministes », « manifestations contre le viol », « misère », « nouveau-nés », « nucléaire ». On est visiblement au rayon « société » entre les lettres M et N, ou, au hasard toujours, on tombe sur des reportages sur les manifs du MLF, des images du plus gros bébé de 1987 (6,27 kilos), des photos de protestations contre le nucléaire, à Creys-Malville, ou encore des clichés des sans-abri de Chicago. »
Avec l’ère numérique, les archives photographiques de Libération, comme celle de tous les titres de presse sont devenus encombrantes et couteuses. Il faut payer les entreprises de stockage pour des images dont les rédactions n’ont besoin que de temps à autres pour une « nécro » ou un anniversaire.
Nombre de titre de presse ont mis à la benne leurs archives – tirages et parfois même négatifs – au mépris des droits des photographes. Il faut rappeler aux jeunes gens, qu’au siècle dernier, les tirages confiés aux journaux par des photographes ou des agences de presse, devaient revenir à leurs auteurs, mais, le temps passant on oublia ce droit de propriété. Ce qui fait qu’on peut aujourd’hui trouver à bon compte sur Internet des épreuves argentiques.
En cédant aux Archives Nationales une partie des archives du service photo du journal, Libération s’en tire à bon compte. Il efface une facture de stockage, se décharge d’un souci et s’assure de la conservation des images. C’est très bien, d’autant que Lionel Charrier précise :
« Libé aura encore le droit d’utiliser ces tirages pour des publications ou de futures expositions, mais au moins tout se fond sera patrimonialisé. Et les archives nationales devront bien évidemment se tourner vers les photographes s’ils veulent utiliser des images pour des publications ou des expositions, car, tous comme Libération, ils doivent gérer les droits d’auteurs en cas d’utilisation…/… Elles rejoindront ainsi les trente-deux fonds issus d’organes de presse, d’agences, de dirigeants de journaux et de journalistes, comme celui du Petit Parisien puis du Parisien libéré, ou encore du service photographique du quotidien Le Monde, entré en 2020 aussi par un don. Ces ensembles, en général hybrides (images et écrits), permettent de nourrir les recherches menées notamment en histoire sur la construction et la circulation de l’information et ses effets sur l’opinion. »
Les chercheurs des temps futurs, auront aux Archives Nationales de quoi satisfaire leur curiosité. Pour Libération, ils devront également ce rendre à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP) qui a héritée du fonds d’archives de l’Agence de Presse Libération et de l’agence de presse Fotolib qui furent à l’origine du service photo de « Libé » puisque ces archives conservées par le photographe Gérard-Aimé ont été cédées à la Ville de Paris par la veuve du photographe.
50 ans dans l’oeil de Libération aux Archives nationales
Exposition gratuite du 7 novembre 2023 au 18 février 2024
Archives nationales, 60 rue des Francs-Bourgeois – 75003 ParisDernière révision le 4 novembre 2024 à 9:26 am GMT+0100 par la rédaction
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