Monique, Mete, Micha, ce n’est pas un mariage, ce n’est pas une fusion, c’est « un rapprochement ». C’est ainsi que le communiqué de presse, diffusé en février 2024, définit l’accord conclu entre les agences Sipa press et H&K. Nous avons interrogé Monique Kouznetzoff et Mete Zihnioglu.
« Nous avions envie de nous regrouper… » explique Monique Kouznetzoff. « Nous, H&K, de ne plus être seuls… Dans la tradition des grandes agences de presse que nous avons connues et fréquentées, Sipa, est la seule aujourd’hui qui continue de produire, de prendre des risques et ne pas seulement se contenter d’exploiter ses archives… »
« Nous sommes également producteur. Cela a un sens pour nous. Nous faisons le même métier avec des spécialités différentes, mais avec la même finalité. Et puis, nous nous connaissons depuis toujours. Hubert Henrotte avait beaucoup d’amitié pour Mete Zihnioglu… C’était naturel et évident de se rapprocher. Chacun reste indépendant dans sa structure et tout continue comme par le passé… Mais, nous avons, néanmoins pour but de développer des projets communs, sur lesquels nous travaillons. »
« Un des rêves du fondateur de Sipa, Goksin Sipahioglu, était de travailler avec Monique Koutnetzoff ! » commente Mete Zihnioglu.
« Nous sommes donc heureux de pouvoir le concrétiser. Ce rapprochement avec l’agence H&K s’est fait naturellement. Depuis début février, H&K est installé dans nos locaux tout en restant indépendant. Mais cette proximité nous permet de nous découvrir un peu plus chaque jour. La communication est facilitée et de nouvelles opportunités s’ouvrent. Nous pouvons nous projeter dans des productions communes. Pour Sipa, c’est un nouvel horizon qui se dessine. »
« Nous essaierons de faire des opérations communes dans la mesure des capacités de chacun. Nous nous devons de préserver nos relations actuelles avec nos clients et nos fournisseurs. Mais il est évident qu’il serait profitable pour nous de bénéficier des acquis de chaque agence, qu’ils soient relationnels, techniques ou que ce soit de savoir-faire. »
Pour les femmes et les hommes qui ont vécu la seconde partie du siècle dernier, ce « rapprochement » souffle un vent de nostalgie. Monique Kouznetzoff, qui a débuté dans la profession dans les années 60, à l’agence Les Reporters Associés à accueillit Goksin Sipahioglu à son arrivée à Paris. Elle l’a côtoyé à Vizo, une éphémère agence avant de le retrouver diffusé par Gamma. Puis il a créé Sipa en même temps que Monique et Hubert Henrotte créaient Sygma.
Pendant trente ans, à Gamma puis à Sygma, elle a lutté avec Hubert Henrotte pour faire vivre Sygma l’agence de presse leader du marché ; pendant que Goksin Sipahioglu bataillait pour que Sipa arrive avant eux dans les grands magazines.
La concurrence entre les trois « A » – Gamma, Sipa, Sygma – était féroce, mais elle a contraint les magazines à payer de plus en plus généreusement les reportages jusqu’à l’effondrement de la publicité et la révolution numérique qui ont mis la presse à genoux ; et provoqué l’effondrement de nombreuses agences au début des années 2010. L’accord entre les agences H&K et Sipa boucle une époque, celle du fameux « vieux monde ».
Goksin, « Monsieur Sipa » était visionnaire et optimiste. Au tournant du XXème siècle il a refusé de vendre Sipa à Corbis alors que les hommes de Bill Gates lui proposait 22 millions de dollars de l’époque. Le « grand turc » assurait à qui voulait l’entendre que Sipa vivrait toujours ; et de fait, des trois « A », seul Sipa a toujours des photographes attitrés. Cette année, l’agence financera le Prix Goksin Sipahioglu by Sipa Press lors du festival international de photojournalisme Visa pour l’image à Perpignan.
Dernière révision le 15 mars 2024 à 9:56 am GMT+0100 par la rédaction
- Marius Bar
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