Patrick Munyambabazi avec sa femme Janet Kamashamba et leurs 5 enfants. Ils pensent que la situation future va s’aggraver à moins d’un miracle. Ils disent avoir vécu une vie pauvre depuis qu’ils ont quitté la forêt jusqu’à maintenant. Patrick dit qu’il est heureux qu’ils aient été sortis de la forêt, mais il n’est pas heureux de la vie de mendicité. « Nous mendions tout, de la nourriture, des vêtements, de l’argent et même parfois un abri. Nous n’avons rien de bon comme les autres membres de la communauté. Nous avons vécu une vie de mendicité et nos enfants se dirigent vers la même vie. » Janet dit qu’elle se sent misérable pour l’avenir de ses enfants car il n’y a aucune perspective autre que de devenir des mendiants comme eux-mêmes. Elle a aussi peur de mourir trop tôt à cause des maladies accrues sans médicament et de la famine. Photo : Jan Janssen
Le tourisme est une source de revenu très importante pour l’Ouganda et accueille de nombreux visiteurs, dont la plupart d’entre eux se sont rendus dans les parcs nationaux pour voir des éléphants, des lions, des girafes, des rhinocéros et d’autres gros gibiers.
Le pays héberge plus de la moitié de la population mondiale des gorilles des montagnes dans les 320 km2 de forêt tropicale dense de la forêt de Bwindi sur une zone qu’il partage avec ses voisins la République démocratique du Congo et le Rwanda.
Cette famille est dirigée par Nyiramuhirwe Jackline qui vit avec ses 3 enfants Monica, Emily et Rebbecca. Ils n’ont pas confiance en l’avenir. L’agriculture est leur seule source de nourriture, et ils ont été découragés de continuer parce que les récoltes ne sont pas fructueuses. La mère les voit abandonner l’agriculture car elle pense que c’est une perte d’énergie d’avoir des jardins qui ne produisent rien. Elle prédit la famine à sa famille. Photo : Jan Janssen
Niyiraburo et ses 5 enfants, Muhumuza, Bando Edgar, Alexander, Desire et Mpaye. Elle regrette d’avoir été éloignée de leurs forêts où ils vivaient. Elle dit avoir été sortie de la forêt avec de fausses promesses de lui offrir une vie meilleure. Elle ne voit maintenant que la souffrance. Elle n’a pas d’espoir pour un avenir meilleur, car son peuple est maintenant discriminé, faisant un travail difficile et vivant des vies misérables. Elle pense que la vie ne serait meilleure que si le gouvernement leur rendait leur terre ancestrale. Si cela ne se produit pas, elle prédit qu’ils finiront tous par mourir comme mendiants dans un avenir proche. Photo : Jan Janssen
La mère Akakwasa Patience est le chef de famille. Elle ne prédit pas un avenir radieux. Elle pense qu’ils pourraient manquer de nourriture simplement parce qu’ils ne peuvent pas retourner dans les forêts rapidement et en raison de la déforestation accrue dans la région. Elle dit que leur source de nourriture était constituée de fruits sauvages et d’herbes, mais de nos jours, ces aliments sont difficiles à obtenir. Leur mode de vie lié à la chasse a pris également fin en raison des restrictions sur les réserves naturelles. Photo : Jan Janssen
Cette famille est dirigée par la mère Nyirankunda Justina qui vit avec ses 5 enfants. Mbarimo, Isaach, Muhereza, Gapusi et Racheal. Comme ils ont accès à une éducation gratuite, ils sont optimistes quant à l’avenir. Nyirankunda croit que ses enfants deviendront de meilleures personnes lorsqu’ils pourront aller à l’école. Elle pense également que son fils aîné deviendra médecin à un moment donné et sa fille deviendra enseignante. Malgré leur foi, ils sont aussi incertains quant aux sources de nourriture futures. En raison des changements climatiques, ils craignent la famine. Photo : Jan Janssen
Nyiramarunga Sophia avec ses deux enfants. Elle prédit une extrême pauvreté et une famine dans le futur. Bien qu’ils travaillent dans les jardins des voisins, ils n’ont pas de source de revenus claire et elle ne peut pas subvenir à leurs besoins de base. Elle mentionne également que ses enfants dépensent le peu d’argent qu’ils ont en alcool au lieu d’acheter de la nourriture pour la famille. Tant qu’il y aura de l’alcoolisme dans la famille, la pauvreté prévaudra. Photo : Jan Janssen
Kyomugisha Sylvia est une mère de 4 enfants. Elle prévoit des temps difficiles et n’a aucun espoir pour un avenir meilleur, car ils manquent déjà de nourriture alors qu’elle est encore capable de travailler pour nourrir sa famille. Elle ne sait pas comment ils vont survivre si la maladie l’a la terrasse. Elle dit qu’elle commence déjà à se sentir faible. Ses enfants mourront pauvres parce qu’ils ne peuvent pas aller à l’école comme les autres enfants du village. Photo : Jan Janssen
Depuis toujours, ce territoire était le lieu de vie des pygmées Batwa qui se nomment eux-mêmes « peuples de la forêt », leur culture, leurs traditions, leur histoire, leur mode de vie, leur alimentation étant en étroite relation avec elle. Mais à l’aube des années 1990, pour privilégier le tourisme et sa manne financière, l’Etat les a expulsés de leurs terres ancestrales au prétexte de protéger les gorilles en les accusant de les chasser pour se nourrir alors que cette pratique est tabou chez eux. Effet pervers de la protection de la nature et de la priorité financière, la protection des animaux s’est accompagnée d’une calamité pour l’un des peuples les plus anciens d’Afrique qui en a payé le prix fort. Pauvres parmi les pauvres, coupés de la manne sylvestre qui structurait leurs vies, abandonnés par les autorités, les Batwa n’avaient ni les moyens ni les compétences nécessaires pour s’adapter à la vie moderne. Malgré quelques timides tentatives d’intégration, il leur est encore aujourd’hui interdit de retourner dans ce qui fut pendant des millénaires leur domaine de vie et ils restent un groupe marginal et fragilisé.
Choqué par cette situation, le photographe Jan Jansen a voulu leur rendre un peu de leur dignité en leur demandant de poser devant leurs habitations et de se sentir « fiers pendant une seconde ».