Une semaine riche en évènements exceptionnels – expositions – projections dont la cérémonie de clôture fût une forme d’apothéose et de mise en alerte civique face aux menaces évidentes des guerres en cours.
Chaque Bayeusain ou Bayeusaine a pu exprimer sa fierté d’être citoyen(e) d’une ville désormais plus que célèbre à travers le monde car indispensable à la lecture d’une planète en danger de Kiev à Taïwan en passant par Gaza et Tel-Aviv. Eric Valmir – animateur d’une soirée, 3 heures durant, consacrée au « Proche-Orient : d‘un 7 octobre à l’autre » très touché par l’ovation debout dont il a fait l’objet pendant une dizaine de minutes – le reconnait : « Que le sujet israélo-palestinien soit traité sans éclats de voix, sans polémiques et sans esprits partisans est le défi réussi de ce prix Bayeux qui par une exposition cartographique au RADAR et la parole des grands reporters a porté le regard de la nuance et des faits » . Le Président du Conseil départemenal , Jean -Léonce Dupon l’avait souhaité dès son discours d’ouverture : « Dans cette période où le ciel s’obscurcit, dans cette période où de nombreuses générations , dont la mienne, pensaient qu’on pouvait aller vers la paix et comprennent désormais qu’on semble aller vers la guerre , prenons tous bien conscience que la loi du talion est une impasse permanente » . Le public plus que passionné, voire en totale addiction depuis 30 années, a toujours fait preuve d’une fidélité qui n’a pas échappé à Patrick Gomont, maire de Bayeux, soulignant avec juste considération des données très parlantes : « 40 000 visiteurs – 350 journalistes- 60 rendez -vous – une soirée de clôture complète en deux semaines, 3500 lycéens de 90 établissements sur 16 sites normands pour » le Prix des lycéens », un jury public de 275 personnes … » Chiffres incontournables qui traduisent le plébiscite annuel de la population bayeusaine «qui comble toute une semaine durant les rues vivantes et tous les équipements culturels de la ville » s’empresse d’ajouter le cofondateur du Prix Bayeux avec la rigueur qu’on lui connaît – pour mieux dominer son émotion .
Ayant quitté l’espace réservé à la presse pour mieux me fondre dans la masse du public lors de la projection à la « Halle aux grains » du poignant documentaire de Solène Chalvon-Fioriti, experte dans l’utilisation de l’intelligence artificielle pour changer les visages –et anonymiser les jeunes iraniennes témoignant à l’écran – de leur combat contre la répression du régime en prônant vaille que vaille « Femme ,Vie, Liberté » , ma voisine me prend à témoin « Vivre à Bayeux – c’est une chance , non ? » Patrick Crevel, adjoint délégué à la sûreté et à la police municipale – le confirme : « La grande majorité de la population est plus que jamais attentive, sensible à tout ce qui se passe. N’oublions jamais que pour donner suite aux drames du Bataclan, de Charlie -Hebdo, 2500 personnes s’étaient spontanément rassemblées au Mémorial des Reporters ». Mémorial, créé à l’initiative de Reporters Sans Frontières (RSF)qui fût cette année le lieu d’un très émouvant hommage à tous les journalistes tués dans l’exercice du métier. Comme l’a souligné Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF en dévoilant les 57 noms notamment palestiniens gravés sur le marbre blanc de la stèle : « Les journalistes ne meurent pas : disons-le clairement, ils sont tués. Nous exigeons que les auteurs de ces violences, de ces meurtres rendent des comptes. L’impunité pour ces crimes doit cesser. » Avec le soutien de Patrick Gomont qui l’a rappelé : « N’oublions pas l’Afghanistan, Haïti l’Ukraine, avec notamment la projection d’un documentaire glaçant « Of Caravan and the dogs » de Askold Kurov et anonyme » présentant le travail de sape de Vladimir Poutine pour museler lentement et juridiquement les journaux et dissoudre l’ONG « MEMORIAl » qui témoignait des crimes de l’état russe » .
Nombreux sont les bayeusains et bayeusaines qui récusent toute forme de voyeurisme sur l’état de notre monde. Combien de fois n’ai-je pas entendu, raconte Patrick Clevert cette interpellation sonore à la sortie des expositions et projections : « dans quel monde vit-on ? suivie d’une évidence gratifiante « merci Bayeux » « Que le public soit aussi présent, est la plus belle des récompenses, la plus grande des satisfactions » reconnait avec humilité et légitime fierté Aurélie Viel Responsable de la Programmation et entourée pour ce faire d’une équipe tout aussi remarquable. Merci effectivement au « Prix des Correspondants de guerre de Bayeux » de nous maintenir en permanente situation de guetteurs de paix plus avertis chaque année, en état de vigilance, de lucidité et de solidarité.
- Marion Mertens
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