A la Villa Tamaris, 65 photographies de Marius Bar et ses descendants font revivre les grandes heures de ces chantiers navals ou près de 150 navires ont été construit entre le début du xxème siècle et la fin années 80. A voir jusqu’au au dimanche 27 avril 2025 (fermée en janvier).
En 1960, j’avais douze ans quand j’ai débarqué à « La Mecque ». C’était une cité ouvrière employant jusqu’à deux milliers de travailleurs du début du XXème siècle à la fin des années 80. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale la ville avait élu un maire communiste. Le Var était rouge à l’époque.
Nous sommes dans la rade de Toulon, une des plus belles d’Europe. Elle est, alors, encombrée de navires de guerre, survivants de la flotte alliée. Au fond de la rade, le petit port de La Seyne-sur-mer abrite depuis la fin du XIXème siècle des chantiers navals et, jadis, un bagne.
Quand je suis arrivé à La Seyne, les seynois appelait leur ville du surnom de « La Mecque » ! Je pensais qu’il s’agissait de glorifier, ou de caricaturer, le communisme communal très actif. Mais d’autres versions sont plus anciennes comme l’atteste la carte postale qui illustre cet article.
A l’époque du bagne, La Seyne-sur-mer était une ville ouverte. Une ville ou après avoir fait leurs temps, les anciens bagnards étaient a
utorisé à séjourner en probation. C’était le paradis, La Mecque, à coté des souffrances endurées au bagne.
Dans une autre version la ville étant dominé par le massif du Mai, il y aurait eu au sommet un mat ou un fanion signalait l’évasion d’un bagnard ; d’où, le mat au Mai… Enfin dernière version, au chantier naval, un gardien appelait les ouvriers avec un mégaphone comme le muezzin appel les musulmans à la prière …
L’imposant chantier naval a façonné l’image de ce petit port jadis si provençal et aujourd’hui défiguré par les bombardements de la guerre et la reconstruction. Pour acheminer les tôles par voie ferroviaire, on construisit un pont levant permettant aux trains d’accéder directement au chantier. C’est aujourd’hui encore une icone de la ville.
Je venais de Troyes, dans l’Aube, un pays froid, ouvrier certes, mais ouvriers d’un autre style que ceux du chantier naval. J’étais impressionné à « La Mecque », par le bruit des tôles, des grues, du pont, des trains et des enterrements. Il y avait beaucoup d’accidents du travail ; et, pour conduire au cimetière l’infortuné camarade, la foule des ouvriers défilaient derrières les bannières brodées des syndicats et l’International retentissait au-dessus du cimetière à coté du lycée Beaussier ou j’étudiais.
Mes parents m’avait offert deux ans auparavant, un Kodak Brownie. L’été précédent, j’avais découvert la magie du cadrage. Quand j’appris qu’il y avait un lancement de bateau en janvier 1960, je décidais d’y consacrer une pellicule de douze vues achetée avec mon argent de poche. Mon premier reportage photo : le lancement de « La Hortensia ».
Les bateaux, la passion de Marius Bar et de ses descendants
Evidement j’ignorai tout de l’existence de Marius Bar dont la nouvelle exposition, la seconde à la la Villa Tamaris retrace la vie des chantiers navals depuis les années 1900.
Issu d’une vieille famille marseillaise, Marius Bar après un long apprentissage à Toulon, ouvre un atelier de photographie au numéro 15 de la Place Puget. Il a alors une activité de portraitiste mais ses passions sont autres. Il va consaccrer sa vie professionnelle à l’illustration de la région et de ses habitant et surtout à la Marine. Il a constitué une collection incroyable de tous les navires fréquentant la rade de Toulon.
Passionné par la Marine, il consacrera à cet inépuisable sujet l’essentiel de sa vie d’homme d’image ; c’est un peu plus tard qu’il s’installe dans l’est de Toulon, dans des locaux plus vastes et mieux adaptés : « Le Clos des Lumières «. L’acquisition d’une machine pouvant imprimer 16 cartes postales sur une feuille de format « Jésus « va donner à Marius Bar la possibilité de diffuser ses photographies à l’aide d’un procédé moins coûteux : « la phototypie «.
C’est l’âge d’or de la carte postale, les bazars et les coopératives des unités de la Marine devinrent les clients du talentueux photographe imprimeur. Cette spécialisation de photographie maritime lui donnera à diverses reprises l’occasion de réaliser des reportages sur la vie des marins à bord, et sur les chantiers navals de La Seyne-sur-mer. Mais hélas, si l’on découvre beaucoup de bateaux, de grues, de hangars, les ouvriers des chantiers sont relativement peu présent dans cette néanmoins étonnante exposition.
A la fin de sa vie, Marius Bar transmet la passion de son métier à son gendre, mais c’est la quatrième génération celle de Bernard Castel qui valorise cet exceptionnel fonds. Aujourd’hui, l’activité des Editions Photographiques Marius Bar est essentiellement consacrée à l’imagerie numérique. La mise en ligne sur internet du catalogue des différents thèmes du fonds Marius Bar, donne aux nombreux chercheurs, universitaires, éditeurs, particuliers, l’accès à une riche iconographie aujourd’hui plus que centenaire.
Pratique
Exposition du 23 novembre 2024 au dimanche 27 avril 2025 à la Villa Tamaris centre d’art TPM
Ouverte du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h30, sauf les jours fériés 295, avenue de la Grande Maison, 83500 La Seyne-sur-Mer – Fermeture exceptionelle du 6 au 31 janvier 2025
Site de la Villa Tamaris
Site du fonds Marius Bar
- Marius Bar
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