
Plonger en photo au cœur du savoir-faire industriel français de la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, tel est l’objectif de la biennale Usimages visible jusqu’au 15 juin 2025 dans le sud de l’Oise, autour de Creil.
Usimages, qui se déroule pour la 6ème fois cette année est, en photographie, la connivence des hommes et des machines, les uns avec les autres et parfois les uns sans les autres. La thématique de cette édition a pour titre « Transports et Industrie ». En train, en avion, en bateau ou en voiture, mais aussi en rame automatisée ou en char, la biennale nous invite à découvrir les hommes et les femmes qui les imaginent et les assemblent. A chaque fois, un regard particulier imposé par les conditions de réalisation et le regard du photographe.
Réaliser une photo sur un chantier naval est en effet bien différent d’une prise de vue dans un atelier de conditionnement. Certaines des images présentées sont des commandes, telles « Visages d’un chantier naval » de Sylvain Bonniot réalisée en 2017 sur le chantier naval STX devenu depuis Chantiers de l’Atlantique. D’autres sont des images de communication, « Quand l’armée photographie des usines » en partenariat avec les archives de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) ou « Matra, automatisation du transport » en partenariat avec les Archives nationales du monde du travail. D’autres sont purement documentaires, telle « La fabrique du voyage » en partenariat avec le Fonds de dotation Orient Express, des vues aux auteurs très souvent inconnus. D’autres sont parties d’une idée d’un photographe, tel « Melting Point » de Stéphane Couturier à l’usine Toyota de Valenciennes en 2005 ou « Alst’hommes » de Marc Paygnard à l’usine Alstom de Belfort.
Enfin, deux cartes blanches ont été proposées à de jeunes autrices locales, Delphine Lefebvre et à Loredana Marini, qui se sont confrontées à une expérience artistique au cœur des entreprises, en couleur pour la première, en noir et blanc pour la seconde. Elles ont documenté en 2024 machines et personnels dans diverses entreprises de l’Agglomération Creil Sud Oise.
Visuellement, la biennale est monumentale. Avec 8 photographes qui présente chacun entre 12 et 15 documents, 4 fonds d’archives d’autant d’images chacune et la rétrospective des cartes blanches des précédentes biennales, c’est un ensemble de plus de 200 documents grand format, très souvent d’un mètre carré, qui sont visibles. Monumentale mais jamais rébarbative.
A noter, les cimaises épurées au possible pour magnifier l’image et un alignement au cordeau, un exercice d’autant plus réussi que la particularité de cette biennale est d’être en extérieur, dans des parcs ou sur des places. La visite – les visites seraient un vocable plus approprié – est également un parcours à travers tout le territoire de Creil Sud Oise puisque dix communes, en sus de Creil, accueillent un auteur ou un fonds d’archives. Un parcours ouvert 24 heures sur 24 en quelque sorte. En des lieux judicieusement choisis pour que cette plongée au cœur du patrimoine industriel français de ces 150 dernières années soit aussi une visite touristique. L’exposition des photos de Sylvain Bonniot au pied de l’église prieurale de Saint-Leu-d’Esserent, celle des photos de « Le passé roule pour l’avenir : aluminium et électricité » en partenariat avec l’institut pour l’histoire de l’aluminium des archives de l’Institut de l’aluminium avec en fond l’église Saint-Vaast et sa façade du XIe siècle ou l’exposition « Dresseurs de métal », la construction du porte-avions Charles de Gaulle en 1992 de Dominique Leroux, autour de l’étang de Rousseloy, proposent un mélange des genres entre témoignage ouvrier, histoire de l’architecture et patrimoine local particulièrement réussi. Parcourir Usimages est ainsi simultanément une déambulation extérieure et une plongée au cœur d’un univers industriel généralement très fermé, surtout aux photographes.
Ouvrir est un credo dans la démarche de la manifestation. Fabrice Martin, vice-président de l’agglomération Creil Sud Oise (ACSO), la définit comme «fondamentale». «Il faut apporter ça aux gens. Ces personnes ne rentrent pas dans une salle d’exposition, alors c’est notre devoir de leur apporter dans les lieux qu’ils fréquentent ». Depuis la première édition en 2017 organisée par le Centre d’art Diaphane (pôle photographique des Hauts de France basé à Clermont-de-l’Oise), l’accompagnement des publics dans la découverte des arts visuels et dans la lecture des images est au cœur des préoccupations des organisateurs et de l’agglomération. Un programme de médiation culturelle, consistant à développer l’éducation à l’image, notamment via des actions pédagogiques, est mis en place sous différentes formes pendant la manifestation. Durant les deux mois du festival et dans chaque commune, des visites guidées permettent la découverte des expositions avec la médiatrice culturelle du pôle photographique, à destination des écoles, des centres de loisirs, des groupes et des partenaires des champs social et de l’insertion professionnelle. Ces visites guidées d’expositions sont un premier pas vers l’analyse et la compréhension des œuvres.
Il est également proposé par l’Agglomération de parcourir gratuitement les 11 communes du territoire pour admirer les œuvres de l’exposition. Les mairies de Cramoisy, Rousseloy, Nogent-sur-Oise et Saint Vaast les Mello, les offices de tourisme de Creil, la Maison de la Pierre de Saint Maximin et l’accueil de l’Agglomération délivrent le billet de voyage. Sans débourser un centime, cela offre une visite en autonomie de plusieurs expositions sur une demi-journée. La liaison entre les lieux se fait collectivement en bus de ville, grâce à un parcours identifié dans le réseau de bus existant.
Visiter en voiture, en bus (gratuitement) mais également à vélo. En partenariat avec l’Association des usagers du vélo, des voies vertes et véloroutes des Vallées de l’Oise (AU5V), les participants découvrent les espaces de l’agglomération, tout en ayant une visite guidée de chaque exposition avec un médiateur. Ce parcours est accessible à tous et effectué à allure modérée, et les familles sont bienvenues. Bien sûr, il est possible de visiter les lieux d’exposition seul à vélo. Attention, le parcours complet des 11 sites représente la distance totale de 44 km, certes sur un terrain plutôt plat (250 m de dénivelé positif). Compter au total 7h30 sur la base de 15 minutes par exposition. Mélanger histoire, patrimoine industriel, photographie et santé, une belle journée en perspective.
Le site de la biennale
Visite gratuite en car
Pour s’inscrire aux visites guidées, prendre contact avec la médiatrice : mediation2@diaphane.org
- Usimages
« Transports et Industrie »
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