Stanley Greene (1949 – 2017), photojournaliste

France, Perpignan septembre 2009 – La 21eme édition du festival du photojournalisme « Visa pour l’image – Perpignan ». Photo (c) Geneviève Delalot

Stanley Greene (Etats-Unis, New York, Brooklyn, 14 février 1949 – France, Paris, 19 mai 2017), est un photojournaliste américain. Il a reçu, entre autres, le prix W. Eugene Smith et le World Press, qui lui a été décerné cinq fois.  Il a été à la fondation de l’agence photo Noor.

« Il y a des histoires qui vous parlent si profondément que vous devez les faire. Vous ne pouvez pas sauver le monde. Je ne suis pas naïf de penser ça. Mais il y a certaines histoires, certaines questions, où vous devez faire votre part. [1]» Stanley Greene

« Dans le petit cercle des reporters de guerre, il est à part. Parce qu’il a commencé tard, qu’il vient du monde de la nuit et de la mode. Parce qu’il est noir (américain), un sujet qui reste un peu tabou dans ce milieu très white male. Enfin parce qu’il assume son look baroque – béret aux couleurs de la Tchétchénie dont il a épousé la cause, bagouzes à tête de mort et boucle à chaque oreille, tiags en daim en toute saison – et parle de soi, ses amours, ses peurs, ses échecs, plus que de raison dans un univers où l’autisme tient lieu de combinaison ignifugée.[2] »

Stanley Greene est le fils d’acteurs engagés. « Les parents de Greene lui ont donné sa première caméra quand il avait 11 ans. Ils lui ont également donné leur sens du devoir politique : comme un adolescent, il a protesté contre la guerre du Vietnam et a rejoint les Black Panthers. [3]» En 1971, il rencontre W. Eugene Smith qui sera son mentor en photographie. Il séjourne en Californie, puis à Paris où il fait des photos de mode. « « J’étais dilettante, assis dans des cafés, prenant des photos de filles et shooté à l’héroïne. »  Le décès du SIDA d’un ami proche va le remettre en piste pour devenir un « vrai photographe ». Il se rendra une vingtaine de fois en Tchétchénie, couvre des conflits, dans les pays déchirés par la guerre comme le Haut-Karabagh, l’Irak, la Somalie, la Croatie, le Cachemire, le Liban et le génocide au Rwanda.

Il a publié plusieurs livres, dont Plaie à vif : Tchétchénie 1994-2003 aux éditions Trolley et Black Passport. Stanley Greene a été membre de l’agence Vu et fondateur de l’agence Noor.

En 2008, il révèle avoir contracté une hépatite C. Il meurt dans le plus grand dénuement le 19 mai 2017 d’un cancer du foie à 68 ans.

« C’est comme si j’avais passé un pacte avec le diable pour essayer de mener à bien ma carrière. Mais il m’a dépouillé, a pris mon argent, ma vie personnelle, ma santé. Tout. Aujourd’hui, je suis fatigué. Je n’ai pas d’enfants. Je n’ai plus de femme. Je n’ai pas de maison… Mais je ne regrette rien. [4]»

L’hommage de son ami

Jean-François Leroy de Visa pour l’image

Les trois filles de Roger Thérond avec Stanley Greene et Jean-François Leroy au vernissage de Polka Magazine 13. Photographie (c) Geneviève Delalot pour www.a-l-oeil.info
Les trois filles de Roger Thérond avec Stanley Greene et Jean-François Leroy à Polka. Photo (c) Geneviève Delalot

« Entre ses photos de mode, au début de sa carrière, sa couverture de tout l’univers rock et punk en Californie, puis sa conversion au photojournalisme, l’œuvre de Stanley Greene est immense.

Il a arpenté le monde et tous ses conflits. Syrie, Irak, Afghanistan, Ukraine… en faire ici une liste exhaustive se révélerait fastidieux. Il a en particulier été engagé sur la Tchétchénie, et nous ne saurions trop vous conseiller son remarquable livre, Plaie à vif, sur ces si nombreuses années où il n’a cessé de dénoncer les dommages sur les populations civiles.

La guerre, toutes les guerres, Stanley Greene voulait nous en montrer l’horreur, quels que soient le pays, le climat, les causes qui les ont entraînées…

Alors nous avons pris le parti de vous montrer quelques-unes de ses photos, choisies en toute subjectivité. Pour vous donner l’envie de mieux connaître son travail. Pour vous laisser imaginer l’homme qu’il était, avec toutes ses convictions, ses doutes, ses engagements. Et son cœur immense. » Jean-François Leroy Le 12 juin 2017

Tous nos articles concernant Stanley Greene

Bibliothèque

  • Somnambule, aux éditions Marval, 1990
  • Plaie à vif : Tchétchénie 1994-2003 aux éditions Trolley Books, 2004
  • Black Passport (2009)
  • Stanley Greene, une vie à vif, bande dessinée de Jean-David Morvan (scénario) et Tristan Fillaire (dessinateur), Éditions Delcourt, 2020. (ISBN 978-2413017387)

Notes

[1]  Circonscription d’Alan in New York Times du 12 novembre 2003

[2] Stanley Greene, le fixateur portrait par Christophe Ayad, Libération du 24 mai 2010 https://www.liberation.fr/evenements-libe/2010/05/24/stanley-greene-le-fixateur_653930/

[3] Dana Thomas in Newsweek du 25 janvier 2004

[4] Dimitri Beck,  Stanley Greene: “La photographie a été mon salut” – Polka MagazineDernière révision le 3 mars 2024 à 7:15 pm GMT+0100 par